À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
M. Pol, qui ne trouve pas sa femme à côté de lui en se levant, ne croise personne à l’heure de pointe et ne voit personne à son bureau, se prend à songer qu’il se passe quelque chose d’étrange aujourd’hui. M. Plom, professeur savant de son état et ami de toujours qu’il rencontre au bistrot, le soir, a remarqué, lui aussi, mais il n’arrive pas à mettre le doigt sur ce qui fait cette étrangeté et cette différence. Seuls dans le bistrot, ils discuteront courtoisement sur le sujet et, puisque la serveuse n’est pas là, ils rentreront chez eux.
Commentaires
C’est, de tout le recueil de Frédéric Gagnon, le texte que j’aime le plus. On ne peut parler de chef-d'œuvre, mais à tout le moins d’une belle réussite dans le domaine de l’absurde, dans la critique de ces intellectuels tellement spécialisés dans leur champ d’étude qu’ils en viennent à ne plus voir l’évidence.
Sauf quelques détails mineurs, l’écriture est bonne, efficace, le dialogue bien mené et les caractères bien campés. Sur le thème de la fin des temps, Gagnon peint une petite vignette humoristique que Ionesco ne renierait pas. Fidèle à son parti pris en faveur de la critique sociale, l’auteur met en scène deux personnages du plus haut ridicule tant ils campent bien – dans l’excentricité, bien sûr ! – ces ronds de cuir incapables de changer la moindre de leurs habitudes. M. Pol, en petit fonctionnaire conforme au modèle, ne s’en laisse pas imposer par M. Plom, le professeur ahuri, lorsqu’il s’agit de savoir lequel sera le plus poli, le plus hypocrite et le plus aveugle.
Le proverbe dit que le borgne est roi au pays des aveugles ; c’est effectivement l’impression que nous ressentons en regardant agir messieurs Pol et Plom : deux aveugles qui, sous nos yeux ravis, se prennent pour les fous du roi ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 88.