À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Clovar et Michar voient arriver leurs parents dans le bâtiment. Les adolescents apprennent que les frontières de brume sont de fausses barrières et qu’ils n’ont pas quitté leur pays. Cependant, ayant prouvé leur curiosité, ils sont éligibles à des bourses de voyages. Clovar en obtient une pour se rendre au Québar, un pays plus au nord. À son arrivée, le Québar est en émoi à cause de la présence de trois mystérieuses nefs blanches qui survolent le fleuve Cinlaurar. Les sphères avancent lentement vers la capitale, provoquant des spéculations de toutes sortes. Clovar et son escorte, une guide nommée Lizar et un compagnon de son âge, Philipar, suivent l’évolution du phénomène.
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Le feuilleton est un genre possédant ses règles propres que nous enseigne habilement Claude Jasmin avec « Partir ? ». Ainsi, il nous apprend qu’un feuilletoniste peut oublier ou répéter des informations d’un épisode à l’autre et que la narration peut passer sans transition et sans explication du « je » au narrateur omniscient. Il nous apprend également qu’il suffit, pour réussir une parodie, de transformer tous les noms de lieux et de personnages en modifiant la syllabe finale – ce qui est une manière fort originale de créer un effet comique, n’est-ce pas, Astérix ?
Claude Jasmin nous enseigne aussi que les personnages ne doivent posséder aucune profondeur, qu’ils peuvent apparaître et disparaître selon les besoins de l’auteur et que leur comportement n’est absolument pas tributaire de leur âge réel. Ainsi, un garçon de 14 ans peut devenir un hôte VIP dans un pays étranger sans avoir accompli le moindre exploit olympique, parce que cet aspect est essentiel au déroulement du feuilleton.
Enfin, il nous démontre qu’il est fort difficile de remplir chaque mois quatre pages d’une revue : il faut, pour y parvenir, répéter continuellement les mêmes scènes et descriptions, en modifiant légèrement les termes, ce qui demande tout de même un vocabulaire assez étendu.
Le premier épisode sert, comme il se doit, à mettre en place l’univers du narrateur dont on sait, somme toute, peu de chose : il s’agit d’un adolescent, puisqu’il se désigne lui-même comme un « presque adulte ». Si de nombreux points d’interrogation surgissent au début du feuilleton de Claude Jasmin, l’aspiration du narrateur au départ est par contre bien rendue. Celui-ci exprime avec émotion son désir tout à fait légitime – et adolescent – d’aller voir au-delà du mystérieux voile de brume.
Dans le deuxième épisode, le récit semble hésiter entre la parodie et l’aventure pour finir par sombrer dans la confusion la plus fantaisiste. Monstres insectiformes, arme à balles paralysantes tirée d’une boîte à surprise, gaz cerise (équivalent, bien étendu, du gaz moutarde), le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’agit pas à proprement parler de science-fiction. Est-ce un conte pour enfants ou un roman pour adolescents ?
L’apparition de créatures monstrueuses ou inquiétantes ne suffit pas à créer une intrigue : encore faut-il des personnages consistants pour véhiculer des émotions – peur, inquiétude, puis soulagement ou joie – et un certain savoir faire pour les transmettre au lecteur… Quelle jeune fille de douze ans s’identifiera à Michar qui, après la lutte « héroïque » contre les crabes et les fourmis, veut déjà renoncer au voyage, renoncement qu’elle souhaitera à nouveau dès la difficulté suivante alors que son compagnon masculin, évidemment, demeure imperturbable ? [FP]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 239-240.