À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature jeunesse - 1
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
154
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
ISBN
9782890375895
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Des archéologues ont découvert plusieurs rubans-pellicules (Batman, Le Procès, Le Magicien d’Oz…) qu’ils étudient pour comprendre le mode de vie des Terriens. C’est que, il y a longtemps, la Terre fut désertée de manière subite et incompréhensible. Plusieurs villes ont été reconstituées selon les modèles observés dans les films. Brousse s’inscrit à l’Institut d’archéologie de Gotham City, au cours de Dorétha, jeune archéologue avec laquelle il se lie d’amitié. Les recherches de Dorétha l’ont amenée à remettre en question des vérités scientifiques concernant la nature des rubans-pellicules. Ces films reproduisent-ils vraiment la réalité ? Ne seraient-ils pas plutôt fictifs ? Garbo, le directeur de l’Institut et maître de Gotham City, refuse d’entendre quoi que ce soit, malgré les preuves irréfutables de Dorétha. Il cherchera dès lors à l’éliminer.

Commentaires

Le plaisir retiré à la lecture de ce roman de science-fiction pour jeunes tient essentiellement au décor imaginé, à l’interaction constante entre la réalité et la fiction et même entre deux modes de fictions (roman/cinéma) : on se promène tranquillement dans les rues de Gotham City ; on se réfugie dans le clocher de la cathédrale où se cachaient déjà deux malfaiteurs payés par Garbo pour tenir leur rôle ; on visite un directeur fou qui loge dans le château de Batman en compagnie de son valet Alfred ; on s’échappe facilement de cellules identiques à celles visionnées dans La Guerre des étoiles ; on assiste à la dernière scène du Procès ; on voit miroiter au loin, alors qu’on est en cavale, le château du territoire d’Oz… Cinq villes ont été reconstituées, sur Terre, à partir de rubans-pellicules retrouvés. Gotham City est la capitale des Pellicules-cités. L’idée ne manque pas d’originalité.

Les références aux fictions cinématographiques seront donc constantes dans le roman. Fictions qui, ne l’oublions pas, seront considérées par les archéologues comme des documentaires. Garbo s’appliquera par ailleurs à reconstituer la vie (et la violence) à l’intérieur de Gotham City, telle que représentée sur les rubans-pellicules, et à tirer profit du mystère entourant la vie des Terriens.

Pellicules-cités est un roman d’action qui frôle la caricature. Le scénario paraîtra faible, invraisemblable, tiré par les cheveux. Les personnages ? Ils seront inconsistants, inconséquents, sans nuance. À l’exemple du scénario de Batman, sans doute… À la limite, on accepte le jeu, les revirements forcés dans ce décor fantaisiste, les découvertes aidées par le hasard… Mais la caricature révèle des faiblesses, des invraisemblances qui ne tiennent plus du jeu. Ainsi, Dorétha apprend à Brousse que les films ne seraient peut-être que le fruit de l’imagination des Terriens. Imagination ? « Brousse avait rarement entendu ce mot. Il savait que cela correspondait à quelque chose qui n’est pas nécessairement réel. » (C’est moi qui souligne.) Il se hasarde alors à répondre : « Les rubans-pellicules sont des inventions humaines, basées sur leurs rêves, leurs désirs, leurs pensées, mais pas sur leurs vies ? » Réponse pour le moins élaborée pour quelqu’un qui découvre un nouveau concept. Et Brousse s’interroge, quelques instants plus tard, sur la lucidité de sa compagne. « Elle ne pensait pas comme tout le monde. Était-elle pour autant malade, atteinte d’un mal qui lui faisait imaginer ce que d’autres ne pouvaient même pas concevoir ? » Brousse apprend vite à jouer avec le concept d’imagination…

Autre exemple : « Brousse sentit la lourdeur de sa compagne sur ses bras blessés. La fatigue aurait vite raison de lui. Il chargea Dorétha sur ses épaules et s’en fut d’un pas rapide dans le désert de pierres. » Étonnant ce Brousse !

Pellicules-cités n’en est pas à une invraisemblance près. Chose certaine, l’idée de départ amuse. Et puis, plusieurs passages sont bien réussis (le début, en particulier). Enfin, l’auteur suggère une réflexion intéressante sur les relations de pouvoir qui régissent le domaine scientifique. Mais le roman souffre malheureusement de lacunes. Comme cette fin, plutôt précipitée, qui porte à croire que Pellicules-cités aura une suite. Mais comment en être sûre ? [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 109-110.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 30.
  • Anctil, Mélissa, imagine… 67, p. 197-198.
  • Lortie, Alain, Solaris 101, p. 66.
  • Lapostolle, Lynn, Lurelu, vol. 15, n˚ 2, p. 18.
  • Martin, Christian, Temps Tôt 21, p. 37-38.
  • Sarfati, Sonia, La Pesse, 12-07-1992, p. C 3.