À propos de cette édition

Éditeur
G. E. Desbarats
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Opinion publique, vol. V, n˚ 33
Pagination
406
Lieu
Montréal
Date de parution
13 août 1874

Résumé/Sommaire

Perick se promène sur une dune pendant cette nuit de la Pentecôte. C’est qu’il espère secrètement que le vieux mendiant de la Croix-d’Yar a dit vrai. Celui-ci lui a confié qu’une ville puissante existait autrefois à l’endroit où se trouve maintenant la dune et qu’elle contenait mille richesses, dont une baguette magique en noisetier. Il a soutenu aussi qu’au premier coup de minuit, un passage s’ouvrait dans la montagne en face, donnant accès au palais du roi. Le vieux mendiant n’a pas menti. Perick traverse quatre salles remplies respectivement d’argent, d’or, de perles et de diamants mais ce qu’il convoite, c’est la baguette magique. Elle est là, au fond de la dernière pièce où se trouvent également cent jeunes filles d’une grande beauté. Subjugué, Perick n’entend pas le douzième coup de minuit. Le passage se referme et il meurt emprisonné dans la cité maudite, jadis engloutie par les flots.

Commentaires

Comme son sous-titre l’indique, « Perick ! » est une légende bretonne bien que son origine ne soit décelable que par la présence intermittente mais bien sentie de la mer et par quelques repères toponymiques. Au-delà de ces quelques éléments qui supportent tant bien que mal la couleur locale, on ne retrouve aucune trace d’une quelconque culture ou mythologie à proprement parler bretonne ou celtique.

Cependant, cette légende met en place un univers qui la rapproche du monde du conte de fées et du merveilleux. Les douze coups de minuit semblent empruntés à cet imaginaire, de même que la représentation d’un palais fabuleux contenant toutes les richesses de la terre. Malheureusement, l’auteur a manqué d’imagination. Il ne consacre même pas une phrase à la description de la ville enfouie et il traite de façon trop elliptique l’itinéraire de Perick qui se retrouve sans transition dans les pièces du palais.

Néanmoins, « Perick ! » aurait pu être un texte original, surtout par l’évocation du monde merveilleux qu’il dévoile et parvient tant soit peu à transmettre, si la fin n’avait pas sombré dans le travers qui afflige plusieurs conteurs de l’époque : le ton outrancièrement moralisateur. Les deux derniers paragraphes, qui dénoncent l’ambition matérielle et encouragent l’humilité et la résignation à la misère, viennent tout simplement gâcher le texte. L’auteur n’a pas su résister à la tentation d’appuyer lourdement un message déjà inscrit entre les lignes du récit et qui n’échappait à personne malgré sa discrète énonciation.

« Perick ! » est peut-être une authentique légende bretonne malgré les doutes que j’entretiens sur son origine, mais le traitement est nettement emprunté aux canons esthético-idéologiques de la littérature canadienne-française de l’époque. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 98-99.