À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un clown cherche à échafauder un tour qui lui vaudrait le pétard d’or, décerné par le club international des farceurs. Alors qu’ils assistent au spectacle du docteur Zacharie, un grand prestidigitateur, le clown et sa femme se portent volontaires pour un numéro d’hypnose. Au moment propice, le clown renverse le magicien, qui se tue en tombant. Le magicien vengera sa propre mort en obtenant, par quelque maléfice, la tête du fils de son tortionnaire.
Commentaires
Petit conte macabre pour lecteur averti, « Le Pétard… » est un texte d’une facture alambiquée, comme les affectionne Turgeon, dont le style d’écriture et les thématiques de prédilection font beaucoup penser aux romans d’Hubert Aquin. Comme Aquin (mais sans, à mon sens, égaler la virtuosité de son inspirateur), il affectionne les mots rares, les archaïsmes et la syntaxe sinueuse. Cela donne parfois aux phrases un petit côté ronflant (les premiers mots de la nouvelle annoncent d’ailleurs bien la marchandise : « Rien ne pèse plus lourd sur les balances du rire, qui culbute les rois et démasque les dieux »). L’abondance des métaphores fait aussi glisser légèrement le texte du côté du surréalisme (« Le docteur Zacharie mérite le pétard d’or, pensai-je tandis que je me noyais sur le carrelage vert et noir, avec un goût d’eau salée dans la bouche »), d’où l’effet grand-guignol de certains passages badins, cabotins même, mais insidieusement sinistres. Il s’agit, en bref, d’un court exercice sur le thème de l’arroseur arrosé décliné dans la palette fantastique du masque et de l’illusion. [ID]
- Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 213-214.