À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Idiko, une infirmière japonaise, hérite de la fortune d’un ami québécois, à la condition expresse qu’elle aille vivre durant deux années à Auclair. Dans le petit village bigot où elle ne semble pas la bienvenue, trois jeunes à l’aube de la puberté ont pris l’habitude de l’espionner. Au terme de son séjour, Idiko désire remercier les trois seules personnes qui l’ont vraiment aimée en ces lieux inhospitaliers. En les initiant à l’amour, elle leur prodigue de précieux enseignements qui les changeront à tout jamais.
Commentaires
Nous nous trouvons en présence des motifs de l’apparition et de l’intrusion, brillamment et délicatement revisités par celui de la perception de l’Autre. L’« étrange » « apparue » à Auclair est certes « le diable en personne », mais le champ lexical et sémantique dévolu au fantastique prend ici un tout autre sens. La réclusion dans une maison, l’envoûtement d’une flûte, l’étrangeté d’une mélodie, l’ensorcellement d’enfants innocents, la défaillance du corps (et quelle défaillance !), voire la présence de l’Autre dans sa tête, tout y est, quoique l’impression d’irréalité et les objets référentiels fortement stéréotypés s’y référant sont attachés à un paradigme de l’exotisme qui imprègne ordinairement fortement les récits de voyage ou de découverte. En effet, le jardin luxuriant, une cour en forêt vierge ainsi qu’une représentation du corps humain liée aux concepts de nature, de sensualité et de liberté sexuelle sont autant d’images de l’Autre habituellement ancrées, dans d’autres œuvres, dans une volonté de domination habilement camouflée sous le couvert acceptable d’une attirance et d’une fascination archétypales. Ce n’est pourtant pas le cas ici.
Or, récit de découverte il y a bel et bien dans « La Petite Fée Ross » (petite féroce), excepté qu’il se déroule chez nous, dans la Matapédia, et que ladite découverte n’est pas celle que l’on croit. C’est en cela que réside toute la force et la beauté de cette touchante nouvelle initiatique dans laquelle seule l’enfance sera condamnée à ne pas sortir vivante de cette maison hantée par une présence. Maîtrise absolue du style et de l’imaginaire. [MN]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 134-135.