À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
[4 FA ; 1 HG]
Paranoïa ?, de Michel Grenier
Étranger à Ogthröd, de Jean Pettigrew
Dans la chambre, de Guy Sirois
La Danse infernale, de Sylvain Meunier
Les Joyeux Compagnons, de Claude Bolduc
Commentaires
Rien de tel qu’un recueil de textes provenant de divers écrivains pour nous faire découvrir de nouveaux talents. Dans le collectif Petites Cruautés, trois auteurs sont déjà connus dans le milieu de la SFFQ : Jean Pettigrew, Claude Bolduc et Guy Sirois, davantage reconnu pour son travail critique. Les trois premiers récits du recueil – celui de Michel Grenier, de Jean Pettigrew et de Guy Sirois – sont les meilleurs. Si la nouvelle de Grenier appartient au genre policier dans la lignée des histoires de tueurs en série, celle de Pettigrew est un conte cruel comme en écrivaient Mandiargues ou Jackson. Les trois autres appartiennent au fantastique. Par leurs thèmes, tous ces textes sont assez traditionnels mais ils sont rachetés par la façon indéniablement talentueuse avec laquelle ils ont été écrits. C’est dire que la lecture de ce collectif s’avère une expérience plutôt agréable.
Pour ma part, j’éprouve une affection particulière pour « Dans la chambre » de Guy Sirois, texte original et réussi dont la conclusion déstabilisante rappelle les chutes des nouvelles de Joël Champetier pour qui ce genre de fin est devenu une marque de commerce. « Dans la chambre » commence comme un texte de Stephen King, mais va ensuite emprunter une direction tout à fait différente. C’est une nouvelle étrange possédant probablement un aspect symbolique. La grand-mère est supposée être la mère de tous les hommes. Entrer dans sa chambre équivaut peut-être à revenir à une forme de vie plus primitive, précivilisée. L’envie profonde de renouer avec un tel monde serait un désir inconscient, ou encore très conscient, implanté dans le cœur des hommes.
La forme de l’intrigue d’« Étranger à Ogthröd » de Jean Pettigrew ressemble à « La Loterie » de Shirley Jackson. L’histoire se situe dans un lieu éloigné et exotique avec un zeste de malaise pour saupoudrer le tout. Dès que le narrateur participe au bizarre jeu de la carotte, le lecteur se doute bien de ce qui va se produire. Pettigrew a toutefois l’intelligence d’ajouter quelques détails imprévisibles. Intéressant.
« La Danse infernale », de Sylvain Meunier, reprend sans y changer grand-chose un vieux thème du folklore canadien-français, celui de la danse avec le diable qui mène évidemment à la damnation. Meunier transplante la légende dans le contexte d’une danse à l’école. C’est le texte le plus enfantin du recueil car il paraît s’adresser à une catégorie d’âge plus jeune. C’est plutôt humoristique mais cela ne fait pas vraiment peur alors que les autres nouvelles procurent un certain frisson.
La même remarque s’applique aux « Joyeux Compagnons » de Claude Bolduc. La conclusion déçoit un peu parce qu’on a déjà vu ça dans des films ou d’autres histoires. Admettons cependant que Bolduc maquille tout de même bien la chute et qu’il est réjouissant de voir que tels sont pris ceux qui croyaient prendre. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 33-34.
Références
- Létourneau, Gina, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 47.