À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Écrits du Canada français
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Écrits du Canada français 36
Pagination
181-189
Lieu
Montréal
Année de parution
1973

Résumé/Sommaire

Une femme s’est retirée dans une grande et ancienne demeure pour écrire l’histoire que lui raconte une voix en elle. Jour après jour, elle inscrit le récit sur les murs de l’endroit avec une plume, au rythme que lui dicte cette présence intérieure. Elle voit littéralement les événements du récit se dérouler sous ses yeux, puisqu’ils se sont produits dans la même maison que la sienne, plusieurs années auparavant. Elle reconnaît d’ailleurs ses propres traits dans ceux du personnage féminin, une mère dont le fils est gravement malade.

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Commentaires

L’auteure revisite ici la figure de l’écrivain foudroyé par l’inspiration pour la pousser plus loin : cette soudaine impulsion d’écrire, loin d’être un don des muses, ressemble davantage à une malédiction pour la narratrice, ou du moins, c’est un terrible passage obligé. Cette « écrivaine possédée » a aussi de particulier qu’elle écrit sur les murs plutôt que dans un livre, afin de tapisser complètement la maison avec l’histoire qui s’y est déroulée. Dans sa démarche d’écriture, le contenant est alors plus qu’une simple forme : il « contient » bel et bien les limites du récit, puisqu’il en délimite les lieux.

La nouvelle est d’ailleurs parsemée d’un procédé de mise en abîme : la femme de l’histoire et la femme qui écrit, d’abord distinctes mais se ressemblant énormément, vivent des choses semblables dans la même demeure, jusqu’à finalement se confondre. L’écrivaine garde aussi dans la pièce où elle dort un jeu de dames, et ces pions finiront par tous s’animer, comme de multiples reproductions miniatures du drame que la possédée tente de fuir.

L’enchâssement des niveaux diégétiques, en plus de confronter la fiction au réel, ajoute au sentiment de claustrophobie déjà bien installé par les lieux, qui rappellent un château hanté. Enfin, la grande fluidité de la narration nous fait oublier un instant l’opposition entre nature et folie, pour nous laisser simplement guider par les mots, aussi bien les uns, couchés sur le papier, que les autres, tapissant les murs. [KB]