À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
J. ou Joëllanne, c’est selon, s’est rendue sur la planète des jeux pour se retrouver elle-même, elle qui a apparemment perdu la mémoire – à moins qu’elle ne se soit fractionnée ? Le problème, c’est que Joëllanne est une androïde, militaire de surcroît. Et que sa visite coïncide avec celle d’un touriste mégalomane, porteur d’un virus qui lui fait « traverser le miroir », c’est-à-dire, rendre bien réelles les réalités virtuelles.
Commentaires
Jean-Louis Trudel nous propose ici une remarquable nouvelle, très onirique et déstabilisante, qui repose sur une « planète des jeux » qui n’est que réalité virtuelle, et où hommes, machines et dieux se confondent, comme le réel lui-même. C’est très bien écrit, très bien punché, au point où l’ensemble force une relecture qui se fait dans le plus pur plaisir.
Trudel va jusqu’à faire jouer l’intertextualité, se référant à Lewis Carroll à travers ces mentions du miroir, frontière normalement osmotique entre le réel et le virtuel, et dont la brisure de cette loi constitue la force du dénouement. Le réel peut agir sur le virtuel, mais l’opération inverse, pour autant qu’elle se limite à une action directe, est un non-sens que Trudel investit à travers une narration qui se questionne, justement, sur le sens même des deux concepts.
L’idée même d’une planète jeux entièrement virtuelle est déjà originale, et le traitement effectué l’est tout autant. Les changements de tableaux, brutaux et sans transition, sont un excellent rappel de cette virtualité ; et s’ils peuvent être déstabilisants, ils procèdent d’un effet de style très réussi, qui s’insère parfaitement dans la logique de l’univers dépeint. [MRG]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 183-184.