À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La narratrice et le « Pierreux », une créature presque muette à la peau grise et rigide, vont au lancement de leur livre à la bibliothèque Côte-des-Neiges. C’est la dernière fois qu’ils se voient, après trois ans à collaborer, elle comme auteure, lui comme artiste visuel. La soirée se déroule de manière protocolaire, sans éclat. Puis la narratrice reconduit au foyer pour la dernière fois le « Pierreux », qui est aussi son ancien amant. L’intensité et le désespoir l’assaillent, puis elle part.
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Commentaires
L’une des forces de cette brève nouvelle d’Esther Rochon, qui fait à peine plus de deux pages, est son caractère énigmatique. Bien que nous comprenions que nous sommes dans un espace-temps à venir, le moment exact du récit se dérobe : nous savons seulement que la bibliothèque Côte-des-Neiges est usée par le passage des années et que les collaborations auteurs-artistes visuels sont devenues rares au point d’être considérées comme des événements. Il y a aussi, bien entendu, cette créature fascinante et atypique qu’est le « Pierreux », peut-être une sorte de Pierrot futuriste. Les rapports entre la narratrice et le Pierreux, tous en demi-teintes, sont décrits avec force dans ce texte, qui distille une impression douce-amère.
J’aurais aimé en savoir davantage sur le ou les Pierreux, grâce à une nouvelle plus longue (Sont-ils nombreux ? D’où viennent-ils ? Comment sont-ils devenus de pierre et quasi mutiques parmi les humains avec qui ils s’accouplent néanmoins ? Le choix du nom de « Pierreux » a-t-il quelque chose à voir avec les pierreuses ?). En l’état, « Pierreux » intrigue, mais laisse une sensation d’inachevé. Un texte ne doit pas nécessairement tout résoudre, mais nous restons ici un peu en plan, comme la narratrice qui regarde le Pierreux partir « avec intensité et désespoir, [se souvenant] (il aurait été intéressant de développer cet aspect de leur relation) de son pénis râpeux bandé dans son ventre ». [AG]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 175.