À propos de cette édition

Éditeur
Bigalle
Titre et numéro de la série
Les Aventures amoureuses de la belle Françoise AC-12, l'incomparable espionne canadienne-française - 203
Genre
Science-fiction
Longueur
Feuilleton
Format
Fascicule
Pagination
32
Lieu
Montréal

Résumé/Sommaire

La base spatiale M-2 se prépare à l’arrivée de la fusée Météorite 5 qui transporte un coffret contenant des « pierres à radiations cosmiques ». Peu de temps après, trois agents terriens débarquent de la soucoupe S-17 pour ramener le précieux bien sur Terre. Il s’avère que ce sont trois espions à la solde de Zangara, le maître de la planète Comodora. Marcus, le responsable de la mission de prélèvement de ces pierres sur la Lune, avait flairé l’affaire et remplacé celles-ci par des roches ordinaires. Découvrant le subterfuge, Zangara envoie sur Terre deux des agents pour qu’ils récupèrent les pierres. AC-12 entre en scène pour aider à la capture des deux espions.

Commentaires

Ce n’est vraiment pas la situation idéale que d’entreprendre la lecture d’une série au deux cent troisième numéro. Même s’il s’agit d’un épisode fermé, il y a beaucoup de questions qui demeurent sans réponses à la fin de la lecture du fascicule. Il est probable que celles-ci se trouvent dans les épisodes précédents car la mise en contexte de l’intrigue est minimaliste. Malgré tout, l’auteur distille des bribes d’informations qui permettent d’imaginer une société vraiment futuriste. On apprend ainsi qu’il existe une liaison interplanétaire Phobos-Terre, qu’une autre planète, Comodora, a pour maître Zangara, parfois appelé « Zangora ». Ses habitants sont-ils des Terriens qui ont essaimé dans l’espace ou est-ce une race semblable aux humains ?

Marc Lancret multiplie les signaux contradictoires. Ce Zangara connaît Marcus, ce qui laisse supposer qu’il est apparu dans des épisodes antérieurs et pourtant, Marcus a intercepté des messages de Zangara sans savoir de qui et d’où ils provenaient. L’auteur évoque l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud quand il est question du Bureau de Sécurité Intercontinental mais l’Europe ne fait pas partie de l’équation alors que le contexte géopolitique présente l’URSS comme une menace pour l’Occident, renforçant ainsi le paradigme des années 1950.  En outre, Marcus opère à partir d’une base sous-marine. Or quand il quitte celle-ci pour se rendre à Dorval, il se dirige vers le garage et saute dans une voiture ! Incohérences, dites-vous ?

Il aurait été surprenant que le style de Lancret fasse oublier ces faiblesses du récit. Son écriture fait un usage abusif du dialogue, la narration étant réduite à la partie congrue. Toute l’information passe par les dialogues, incroyablement redondants et insipides. On se croirait dans un radioroman – genre très populaire à l’époque – et des phrases comme celle-ci renforce cette impression : « Au moment où nous les retrouvons, nous entendons Paul Craig qui dit… ».

Les pierres à radiations cosmiques extraites de la Lune sont au cœur de l’intrigue mais l’auteur ne dit pas en quoi leur possession permettra à leur détenteur de « contrôler le monde ». On devine un usage semblable à celui de la bombe atomique mais rien dans le texte ne confirme cette hypothèse. Visiblement, Lancret n’a aucune notion en sciences physiques et ne maîtrise pas le vocabulaire scientifique. Il est question de la galaxie de Jupiter, d’un « computateur électronique » et on « manipule des boutons ».

Étrangement, l’héroïne de la série fait son apparition au 6e chapitre, à la page 22. Voyez de quelle façon : « AC-12 laisse choir la petite culotte par terre et elle se rend au placard pour y prendre une serviette avant de passer à la salle de bain. Au même moment, Marcus ouvre la porte de la chambre et il entre, surprenant AC-12 dans son costume d’Ève. »

La femme est utilisée ici comme instrument de séduction pour piéger les deux agents étrangers. C’est son sex-appeal et sa beauté qui sont mis à contribution, non son intelligence. Qui plus est, son rôle est d’autant plus superflu que dès leur arrivée sur Terre, les deux sbires de Zangara sont repérés par le Bureau de Sécurité Intercontinental et suivis à la trace, si bien qu’on pouvait les cueillir sans l’aide d’AC-12. Il semble y avoir un parti pris assumé de non-violence chez l’auteur car une ou deux situations auraient pu se dénouer dans le sang.

Il faudra lire d’autres épisodes pour voir si la belle Françoise, comme le laisse entendre le titre de la série, est une James Bond en jupon. [CJ]