À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La lecture est une véritable drogue pour A. ; il est pris de tremblements, d’angoisse et de vertiges lorsqu’il ne lit pas pendant plus d’une demi-heure. C’est ce que découvre B., une jeune femme qui se lassera de faire l’amour avec un homme qui ne peut s’empêcher de plonger dans un livre au beau milieu de l’acte ; c’est ce que constate C., l’ami qui, voyant son état se détériorer, lui conseille de voir un médecin. Mais l’expérience aura été traumatisante, lui dira A. plus tard, ayant eu l’impression d’être considéré comme un rat de laboratoire. Finalement, c’est un voisin qui racontera à C. comment on a découvert le cadavre de A., étendu parmi les innombrables livres épars de sa bibliothèque, et à quoi ressemblait la peau de son dos.
Commentaires
Toute habitude, pratiquée avec excès, peut devenir une drogue mortelle ; la lecture fait partie de ces pratiques dangereuses, nous dit l’auteur à travers cette belle nouvelle à l’atmosphère étrange. Et de mettre en situation un personnage qui assumera jusqu’au bout son vice, allant jusqu’à se métamorphoser en l’objet de son plaisir.
Bien découpées, les différentes scènes de la nouvelle offrent à la fois une facette du personnage, mais aussi une étape de l’évolution de son « mal ». Tout d’abord l’excentricité, puis la manie, enfin la pathologie et, étape ultime, le dépassement ou, pourrait-on dire, l’échappée vers le surréel et la mort. Belle gradation servie par une plume efficace et posée, une plume qui, sans éclat inutile, sait comment transmettre les émotions, les ambiances et, surtout, les angoisses et l’étrangeté du personnage principal.
S’adressant à un public dédié à la littérature, Vincent Sicotte a réussi, avec « Plaisir de lire », un texte évocateur sur les dangers de l’extrémisme en toute chose, même en littérature. Pas étonnant, donc, que ce texte ait été l’un des quatre lauréats du 7e concours de nouvelles de la revue XYZ. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 165.