À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À la suite d’un bris mécanique qui laisse leur navette spatiale l’Aiglon dériver loin de sa base, le Galaxie I, Éva et Carl atterrissent sur une planète peuplée uniquement par des enfants. En fouillant dans les ruines d’un vaisseau écrasé non loin du village des enfants, le couple d’astronautes découvre le secret de leurs hôtes. Au siècle dernier, avant la catastrophe nucléaire qui a rendu l’humanité stérile, un groupe de savants avait construit une pouponnière satellite automatisée où étaient conservés des embryons congelés conçus en laboratoire génétique. À la suite de la catastrophe, il semble que le satellite ait dérivé pendant des décennies jusqu’à cette planète qu’il a inséminée pour ainsi dire. Que faire maintenant de cette colonie d’enfants perdus ?
Commentaires
La lecture de ce roman d’Henriette Major destiné aux pré-adolescents m’a agréablement surpris. Simple sans être simpliste, candide sans affectation, il m’apparaît comme un modèle de ce que devrait être la SF pour enfants intelligente. Nulle part l’auteure ne cède à la tentation de la simplification excessive, ni à celle de l’explication à outrance. Henriette Major explore son univers science-fictionnel avec assurance, expose son histoire avec clarté, tout en faisant confiance à son jeune public – ce qui est tout à son honneur.
D’autre part, ce roman a comme autre particularité de laisser aux lecteurs et lectrices la liberté de choisir parmi plusieurs dénouements possibles. Un peu comme dans les « livres dont vous êtes le héros », au moment où Éva et Carl s’interrogent sur le futur de la colonie et doivent affronter les enfants qui s’opposent à la tutelle que veulent leur imposer les deux adultes, l’auteure nous propose quatre résolutions à l’intrigue :
1) les enfants récalcitrants maîtrisent Éva et Carl puis détruisent l’Aiglon, les condamnant à demeurer parmi eux, dans une société nouvelle où ils ne seront que des consultants ;
2) les enfants récalcitrants détruisent la navette pour obliger Éva et Carl à demeurer parmi eux. La vie saine sur la planète, loin des environnements artificiels, a tôt fait de rétablir le système d’Éva qui se retrouve enceinte. Et tout est bien qui finit bien ;
3) Éva et Carl réussissent à maîtriser leurs assaillants et reçoivent bientôt un appel du Galaxie I qui les a retrouvés. Certains des enfants acceptent de repartir avec les adultes, tandis que d’autres préfèrent demeurer sur place ;
4) le Galaxie I se pointe mais doit se poser, faute de vivres et de carburant. Les adultes adoptent chacun un enfant et bientôt naît une nouvelle société, qu’on espère meilleure que celle de l’ancienne Terre.
Quatre conclusions pour le prix d’une, cela constitue en soi une aubaine ! Toutefois, et c’est le seul défaut que j’ai trouvé à ce bouquin, on a l’impression que l’auteure les expédie toutes un peu vite, sans en exploiter le plein potentiel. Et puis, la trop grande similarité entre la première et la deuxième fin proposée me semble les invalider l’une l’autre. Peut-être Henriette Major aurait-elle mieux fait de se limiter à trois et de les développer davantage. Mais, voilà que je cherche la petite bête ; ce qu’il importe de dire, toutes réserves écartées, c’est que La Planète des enfants constitue une belle réussite dans un genre des plus ardus ! [SP]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 111-112.
Références
- Riendeau Cadieux, Diane, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 19.