À propos de cette édition

Éditeur
Le Sabord
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Sabord 47
Pagination
14-15
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1997
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Seul sur une île qui s’élève par à-coups au-dessus de l’océan, le narrateur écrit une nouvelle missive à celle qu’il a fuie volontairement pour ce lieu isolé afin de lui assurer un point de repère fixe. Cette fois, pourtant, il ne confie pas sa correspondance à ses petits navires d’orégami qu’il lance sur les flots, mais sculpte au ciseau et au marteau les lettres dans de larges blocs, comme à l’imprimerie…

Commentaires

Cette courte nouvelle pourrait être associée au réalisme magique tant les éléments fantastiques mis de l’avant semblent naturels au narrateur. Dans une langue onctueuse au style précieux et délicieusement suranné, Émile Martel peint l’univers d’un reclus volontaire aux prises avec un basculement étrange de sa réalité non moins étrange. Cette île, qu’il a choisie aux confins de tout, s’élève de plus en plus vers le ciel, empêchant toute future correspondance surréaliste avec cette femme dont il s’est éloigné pour être plus près d’elle. Désespéré, il trouve cependant une nouvelle façon de lui communiquer son admiration, mais cette fois la communication ne sera plus uniquement de lui à elle puisque, en l’imprimant sur la voûte céleste, elle sera offerte à tous.

Représentation imagée de l’amour courtois poussé à son paroxysme, l’univers du narrateur bascule – s’élève ? – alors qu’il constate la baisse de la flamme de sa muse, véritable métaphore de l’usure de toute chose face au passage du temps. Mais l’effet précédant la cause, la conséquence s’avère dramatique pour le narrateur qui, voyant s’installer l’impossibilité du lien direct et secret avec celle qui a changé sa vie, se résout à dévoiler à la face du monde que son amour à lui n’a jamais connu de baisse.

Par un classique retournement, Martel termine son texte avec le début de celui-ci, la missive étant les mots sculptés étant la missive, bouclant ainsi la boucle de l’univers et du sentiment, bloquant aussi tout espoir de changement dans la condition du personnage, figé à jamais dans sa démarche. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 116-117.