À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Pierre Lamothe et Archange Boissel pêchent ensemble. Toutes les occasions sont bonnes pour Pierre de sacrer. Ce jour-là, il n’arrive pas à décrocher l’hameçon de la goberge qu’il vient de prendre. Invoquant saint Pierre, le patron des pêcheurs, de l’aider en échange de la promesse de ne plus sacrer, il a la surprise de voir apparaître dans sa barque le saint qui prend le poisson par les ouïes et arrache l’hameçon.
Commentaires
Il y a beaucoup de textes dans le corpus québécois de la première moitié du XXe siècle qui se font fort d’expliquer de façon imagée – et souvent en faisant intervenir le surnaturel – comment tel phénomène géologique ou relief du paysage a été créé ou pourquoi tel animal se distingue par une caractéristique unique. C’est ce qu’on appelle les contes étiologiques.
La courte nouvelle de Claude Mélançon, auteur de Légendes indiennes du Canada, appartient à cette catégorie de récits. Les deux taches noires de chaque côté de la tête de la goberge sont les marques laissées par saint Pierre quand il a détaché l’hameçon du poisson pêché par Pierre Lamothe.
Doté d’un préambule qui magnifie Percé comme terre propice au merveilleux sans qu’on sache si cette présentation fait partie ou non du texte, celui-ci livre, comme on dit, la marchandise sans verser dans la grandiloquence ou l’hyperbole. Il y a une retenue dans le ton, si bien que l’apparition de saint Pierre passe inaperçue aux yeux d’Archange Boissel occupé à ferrer une énorme morue. Stupéfait, certes, mais non terrifié, Pierre reçoit cette visite comme un avertissement de ne plus sacrer.
Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que le texte de Claude Mélançon est à l’image de la goberge, un poisson maigre au goût relativement neutre. [CJ]