À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le soir, à la veillée, on tente de situer l’enfer. On parle du dessous de la terre, du centre de la terre, d’un lieu au-delà des étoiles. Seul un vieux marin ne dit mot. Lorsqu’on lui demande son avis, il parle de cette île rocheuse appelée l’île Maudite où le capitaine allait toujours pour radouber le navire lors des grandes traversées. Un soir, il a vu arriver du large François, son voisin. Il l’a appelé, en vain : l’autre n’entendait rien, se dirigeait vers la montagne. Alors deux portes se sont ouvertes à même le roc et, après le passage de François, se sont refermées avec grand fracas. Aucun doute ! c’étaient les portes de l’enfer puisque, comme il l’a vérifié à son retour, son voisin était mort à l’heure et au jour même de l’apparition.
Commentaires
Si le texte est court, le pouvoir d’évocation surprend par son ampleur. Rares en effet sont les contes où l’atmosphère est aussi bien rendue, tant celle de la veillée que l’autre, étrangement oppressante, qui règne sur cette île maléfique.
Des passages ne manquent pas de présager, pour le lecteur de cette fin de XXe siècle, des thèmes à venir. Ainsi, ce petit bout de phrase où on parle de l’enfer situé par-delà les étoiles, ce mort qui marche sur l’abîme, ces portes qui s’ouvrent toutes seules sur les ténèbres. Bien sûr, la manière générale demeure celle du XIXe mais, par l’emploi singulier des temps de verbe, par la façon d’amener l’image, Jean-Baptiste Proulx montre qu’il porte une grande attention à la manière, au style, à la forme.
Monsieur l’abbé Proulx écrit bien – on ne s’en étonnera pas en lisant sa biographie –, on le voit dans ses œuvres diverses, mais surtout dans les trop peu nombreux contes qu’il nous a laissés. [JPw]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 164-165.