Portrait d'un drame

Un adolescent reçoit en cadeau le portrait d’une jeune femme, flûtiste ; il entend sa musique en rêve. Une recherche dans le journal local lui apprend l’histoire d’Élizabeth Mitchell, morte noyée, et de son jeune mari Émile Scultet, pendu sous l’accusation de l’avoir tuée. Mais le fantôme d’Élizabeth apparaîtra au narrateur, sur la berge du fleuve, et le mènera à un îlot rocheux où il trouvera son squelette dans une grotte, avec un calepin où les derniers mots écrits par la jeune femme établiront l’accident et disculperont le mari accusé. Le narrateur verra le couple réuni sur le portrait.

Portrait d’une parution.

Petit exercice de fantastique classique, sans imprévu mais sans défaut majeur. Le jeune auteur de seize ans n’a pas pris le temps de camper son décor et son narrateur. Ce qui nous donne, comme lieu du récit, « un petit village aux abords du Saint-Laurent » – mais pas si petit s’il y a des docks, des quais et un journal local. Le narrateur souffre du même flou : on le suppose adolescent, mais il n’y a dans l’évocation du réveillon aucun détail qui « fasse » vrai et qui nous donne à sentir le personnage ou ses proches.

Mais enfin, il faut faire ses classes quelque part, et Temps Tôt est là pour offrir ses bancs d’école aux débutants, ce qui est fort bien. Le hic est que le maître d’école est lui-même débutant : il apprend son métier de directeur littéraire sur le tas, avec les carences que cela implique les premières années. Résultat : certains textes moyens paraissent, auxquels il aurait fallu peu de chose pour devenir de bons textes. [DS]

• Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 90.