À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
[2 FA ; 5 SF ; 5 HG]
Nuestra Madre de las selvas, d'Yves Meynard
Le Bleu et le rouge, de Natasha Beaulieu
La Gaffe, de Patrick Senécal
Cauchemar et Médaillon, de Claude Mercier
Jolie Fille sans remords, de Hugues Morin
L'Enveloppe brune, d'Éric Bourguignon
Le Trench #0, de Mathieu Daigneault
Gène, de Marc-André Ferguson
L'Aube, de Thierry Vincent
Le Cri périodique, de Sylvie Bérard
L'Âge de cuir, de David Simard
Les Marcheurs, d'Alain Bergeron
Commentaires
Le concours d’écriture sur place au congrès Boréal est une tradition qui existe depuis longtemps. Les participants, aspirants écrivains ou écrivains établis, ont une heure pour écrire un texte, parfois à partir d’une phrase ou d’un thème imposé, parfois à partir d’une illustration proposée. Pot-Pourrire (quel affreux titre qui a toutefois le mérite de signaler que les auteurs ne se prennent pas au sérieux !) est le résultat de l’effort de création des participants de 1996. Aucune contrainte de thème, mais une illustration de Pierre D. Lacroix, différente pour chacun, afin de produire l’étincelle de départ du texte. Au total, douze participants dont les textes se répartissent ainsi : 2 textes fantastiques, 5 textes de science-fiction et 5 textes réalistes. La longueur varie entre une page et quatre pages.
Je ne sais pas si vous avez déjà tenté l’exercice, mais une heure, c’est vite passé ! On ne peut espérer des chefs-d’œuvre dans ces conditions, à moins d’être un maître de la nouvelle très courte. C’est peut-être la forme d’écriture la plus difficile qui soit. C’est pourquoi je me questionne sur la pertinence de publier toutes les nouvelles écrites à cette occasion. La pratique actuelle me semble nettement plus appropriée : Solaris publie uniquement la nouvelle gagnante de chaque catégorie, soit celle des auteurs montants et celle des auteurs pros. En 1996, c’est Alain Bergeron pour sa nouvelle de science-fiction « Les Marcheurs » qui a remporté le concours. Un prix pleinement mérité.
Les autres textes méritaient-ils d’être publiés ou n’aurait-il pas été préférable de les laisser au fond du tiroir, quitte à y revenir plus tard et à les développer davantage ? Même la nouvelle d’Yves Meynard, « Nuestra Madre de las selvas », un auteur que je trouve toujours percutant et fascinant, est bien en deçà de son talent. D’autres s’en tirent mieux, comme Natasha Beaulieu et Hugues Morin. Peut-être parce qu’on a le sentiment que l’histoire est complète en soi, qu’elle a dit tout ce qu’elle avait à livrer tandis que pour les autres, on reste avec l’impression que l’auteur nous offre un fragment d’un récit qui demande à prendre forme.
Faut-il considérer comme un geste de générosité ou, au contraire, comme un acte de vanité le fait de donner son aval à la publication d’un texte « spontané », voire d’une ébauche de texte ? Dans les musées, on trouve à l’occasion des esquisses ou des études d’artistes visuels qui aident à comprendre la genèse de l’œuvre picturale mais il s’agit là de grands maîtres.
L’objectif affiché de Pot-Pourrire est d’un tout autre ordre. Cela dit, le petit recueil n’est pas désagréable à lire et illustre, a contrario, que l’écriture d’un texte de fiction de qualité nécessite normalement plusieurs heures de travail. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 152-153.