À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une fillette est attirée par un vieil homme noir chez qui elle s’arrête fréquemment en revenant de l’école avec ses deux copines. Il lui raconte des histoires qui la transportent dans des mondes imaginaires. Informés de la chose, les parents de Josée lui interdisent de revoir l’homme. Un jour, pourtant, elle retourne dans la maison du vieillard qui sait comment arrêter la pluie et fabriquer la poussière d’arc-en-ciel.
Commentaires
C’est un beau conte mâtiné de réalisme magique qui fait l’éloge de l’imaginaire, seul rempart au conformisme ambiant et à la logique du progrès. Ce dernier est incarné par le père de Josée qui, au service d’un promoteur immobilier, rase la masure du vieux conteur nègre.
Comme il l’a fait à plusieurs reprises dans le passé, Stanley Péan marie ses origines haïtiennes à sa culture d’adoption. Utilisant la formule consacrée par Louis Fréchette dans les contes traditionnels québécois (Cric ! Crac !) pour entamer son récit, le vieux griot métisse celui-ci en l’inséminant de quelques mots créoles qui ont tôt fait de transporter ailleurs l’imagination du jeune lecteur.
« Poussière d’arc-en-ciel » suscite aussi la nostalgie car c’est un texte sur la fin de l’enfance, sur la fin de l’insouciance. Un jour, quand la poussière d’arc-en-ciel que lui a donnée son vieil ami sera épuisée, Josée devra faire face à la réalité et au quotidien. Mais peut-être comprendra-t-elle entre-temps que la littérature peut prendre le relais.
Si le texte de Péan peut être lu aussi comme une dénonciation subtile du racisme latent de la société, le véritable motif du père de Josée qui lui interdit de revoir le vieux conteur concerne davantage, à mon sens, la « folie » présumée du vieillard – influence néfaste sur sa fille, présomption de pédophilie – que la couleur de sa peau.
L’auteur a traduit de manière sensible et touchante la transmission de valeurs qui semble toujours plus facile quand elle saute une génération. Les enfants ont plus souvent tendance à écouter un grand-père ou une grand-mère que leurs parents, c’est connu. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 150-151.