À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une jeune fille qui croit en la réincarnation anime un groupe qui communique avec les morts lors de séances de spiritisme. Un jour, elle rencontre dans un restaurant un hippie qui prétend être la Mort. Dugas s’en moque mais cette révélation n’est pas sans l’avoir ébranlée. Elle arrive chez ses parents au moment où sa grand-mère vient de mourir. Elle reconnaît dans le cercueil le corps du hippie. Sa raison chavire.
Commentaires
Il est bon parfois de reconsidérer ses jugements, nulle sentence ne pouvant être définitive. Je veux bien rouvrir le dossier de Jeannoël Chouinard. Où en est rendu cet auteur qui se fait une spécialité de provoquer ? Si les premières lignes de « Povchtite Dugas » sont fidèles à sa réputation, il faut bien dire que le reste tombe dans le convenu et le banal par son sujet éculé de la réincarnation et de la rencontre avec la Mort sous des traits humains. En effet, la seule originalité réside dans la représentation de cette figure universelle sous l’apparence d’un homme alors que la plupart des écrivains la dépeignent sous les traits d’une jeune femme d’une grande beauté.
Chouinard semble plutôt avoir consacré ses énergies à travailler la forme de sa nouvelle en utilisant divers types de narration. Il commence par un monologue intérieur d’un employé de l’hôpital psychiatrique où est amenée Dugas, puis il enchaîne avec un reportage de Mauricette de Doublevé sur les expériences de spiritisme, un bref passage écrit au “vous”, une scène écrite comme une pièce de théâtre, une lettre de la mère du Dugas et une finale utilisant le “il”. Cette multiplicité des styles ne réussit pas à faire oublier la platitude du propos. En fait, Chouinard n’a rien à dire.
En outre, la psychologie de la jeune fille, même si elle demeure sommaire, révèle des invraisemblances ridicules. Ainsi, elle est prise de peur et sa raison vacille avant même de voir sa grand-mère alors qu’elle ne pouvait savoir ce qu’elle verrait dans le cercueil.
Une expérience vraiment pénible que cette nouvelle de Jeannoël Chouinard ! Pour sûr, il va tirer un autre trois ans ! Minimum ! [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 53.