Premier Voyage du Petit Jésus (Le)

Au ciel, Jésus, devant la colère de son père face à l’ingratitude des hommes, décide de venir sur la Terre. S’ensuit un branle-bas de combat : Gabriel demande qui veut venir, on coupe les ailes aux petits chérubins qui font partie du voyage, on traverse les étoiles, frôle le Soleil et la Lune avant d’arriver sur Terre. Gabriel parle à Marie et Joseph, leur donne le petit Jésus. À l’extérieur de l’étable, les bergers chantent l’arrivée du Messie et Jésus comprend qu’il est sur la Terre pour empêcher les bons petits enfants de devenir des hommes méchants.

Très court conte à la manière d’Eugène Muller, nous dit-on en sous-titre, « Le Premier Voyage du petit Jésus » nous étonne d’abord par la transposition radicalement matérialiste d’un épisode religieux. On se surprend à y découvrir une façon SF de décrire la venue du Christ sur Terre : ce Dieu le père qui se fâche, les chérubins qui se font couper les ailes pour mieux se mêler aux hommes, le long voyage à travers les étoiles. Pour peu, on se croirait dans un épisode de fantasy moderne.

Le ton, aussi, surprend : direct, sans fioriture, incisif. Les chapitres sont très très courts, parfois simplement un paragraphe, la poésie des descriptions n’empêche pas la vitesse de déroulement de l’intrigue. Et quelle intrigue ! Le comment et le pourquoi de la venue du Christ dans notre monde.

Je parie que ce texte a dû déranger quelques bonnes âmes lors de sa parution. [JPw]

• Source : Le XIX^e siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 58-59.