À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En révolte contre ses parents, Catherine est retirée de l’école et placée dans une maison comme bonne à tout faire. Elle obtient néanmoins de son père l’autorisation d’aller coucher régulièrement dans une cabane de bois au bout de la terre. Douée pour l’écriture et la peinture, elle trouve dans ces moyens d’expression une façon de se réconcilier avec son existence insatisfaisante. Un jour, elle rencontre un mystérieux jeune homme. C’est la passion. Mais celui-ci est en mission et il doit partir bientôt.
Commentaires
Dès le titre, le lecteur est fixé sur les intentions de l’auteure : Marie-Denise St-Amand se propose d’écrire une version féminine de « La Belle au bois dormant ». Et effectivement, on nage en plein conte de fées alors que l’héroïne, Catherine, tombe amoureuse d’un être venu d’une autre planète. L’auteure s’attarde presque exclusivemnt sur l’impossible amour entre les deux amants. Seule l’intéresse la relation amoureuse contrariée puisqu’on ne saura pas en quoi consiste la mission de Jade sur Terre ni en quoi elle concerne la jeune fille. Déception, donc, de ce côté.
On peut s’interroger aussi sur la pertinence de situer les événements en 1965, du 3 mai au 31 décembre plus précisément. Pour montrer à quel point le sort de la femme québécoise était peu enviable avant la montée du féminisme ? Il me semble que le climat social conservateur qui est décrit appartient davantage aux années 1950 quand la femme n’avait d’autres choix de carrière que d’être professeure ou infirmière. Il y a là un décalage qui sonne faux.
La forme narrative utilisée par l’auteure laisse aussi songeur. S’agit-il du journal intime de Catherine comme pourraient le laisser croire les dates qui parsèment le texte ? L’auteure ne fournit aucune indication à ce sujet.
Mais ce qui m’a le plus agacé, c’est l’impression que ce texte a été écrit pour les Français. Ce sentiment désagréable s’installe dès la première page quand se profile le fameux cliché de « ma cabane au Canada » où se réfugie l’héroïne. Ajoutons à cela la précision concernant « les deux ou trois mètres de neige qui s’accumulent en Abitibi ». Cette information engendre une incongruité, voire un anachronisme : en 1965, c’était le système impérial d’unités de mesure qui était utilisé au Canada. On ne parlait pas alors de « mètres » mais de « pieds ».
Il y a tout de même quelques passages décrivant l’éveil de la sensualité de la jeune femme et son amour naissant contrarié qui touchent le lecteur par leur justesse. Malheureusement, l’ensemble demeure inachevé comme si Marie-Denise St-Amand ne nous avait livré qu’un extrait d’une œuvre qui se voulait plus ambitieuse au départ. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 182-183.