À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Étienne, 10 ans, serait-il en train de connaître sa première histoire d’amour ? En tout cas il trouve que Clara, avec ses « cils si longs et si fournis qu’on dirait des papillons prêts à s’envoler », est bien jolie. Et si cet étrange message – « İAyudame, por favor ! » – apparu tout à coup page 37 de son livre de géographie venait d’elle ? Non, l’assure la fillette d’origine salvadorienne, mais il s’agit d’un appel de détresse en espagnol. Son auteur, apprendrons-nous bientôt, est un jeune Péruvien nommé Natuale dont le village est frappé d’une malédiction parce que ses habitants n’ont pas su garder verrouillée la « porte des mondes » (la porte de la maison du brujo, ou sorcier). Seul Étienne peut sauver ces « prisonniers du temps ». Voilà donc le garçon et Clara lancés dans une aventure rocambolesque par l’entremise d’un manuel scolaire qui recèle un passage secret vers un village andin maudit.
Commentaires
Avec Les Prisonniers de l’autre monde, Nadya Larouche, une habituée de la littérature jeunesse, propose aux enfants d’environ 10 ans une histoire des plus sympathiques et ingénieuses narrée par Étienne. Le procédé fonctionne ici très bien car il a pour effet de conférer une (fausse) vraisemblance à une anecdote hautement fantaisiste et contribue à l’appropriation du récit par le jeune lecteur. Le narrateur-héros est ainsi le premier à remettre en question le caractère magique de son manuel scolaire et les événements extraordinaires qui surviennent, il devance le lecteur dans l’abasourdissement et l’incrédulité, en quelque sorte.
On applaudira aussi à l’utilisation qui est faite du manuel scolaire. Étienne y entre à la manière de Fanfreluche qui se transpose dans son livre de contes dans le but d’infléchir le cours des choses. La géographie, discipline vouée notamment à l’étude des diversités des sociétés et de leur territoire, est ici la clé d’accès à un monde fantastique qui devient prétexte à la découverte d’une société et d’un territoire autres en effet. Dans cette découverte, Clara, la petite Salvadorienne, joue le rôle de guide éclairé fournissant des repères, tandis que le détour par le fantastique permet d’éviter le didactisme.
Un peu d’ironie, une bonne dose d’autodérision – lorsqu’il se met en scène, Étienne ne craint pas de paraître maladroit, voire un brin empoté – et la justesse de ton complètent le tableau d’ensemble. C’est en somme une bien irrésistible invitation au voyage, à la fois dans le réel d’un village péruvien et l’imaginaire, que propose Nadya Larouche au jeune public. [FB]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 117-118.
Références
- Rondeau, Guylaine, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 22.