À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Les vacances de Maxime sont brusquement perturbées par des événements surprenants. Le Dr Merle, zoologue, est disparu ; des animaux rares ou désignés pour l’euthanasie sont libérés. Au zoo, Maxime aperçoit des singes qui jouent aux dames…
Accompagné de son ami Pouce, il retourne au zoo la nuit pour percer ce mystère. Tout d’abord, ils surprennent Monsieur Toc, gardien du zoo complice des animaux, en train d’ouvrir les cages. Puis, dans un laboratoire, ils découvrent le Dr Merle enfermé dans une cage par les singes Ronald et Mikhaïl. En effet, pour le compte du Service d’espionnage de l’armée, le savant injecte aux animaux la substance Z-Plus. Le but : les rendre intelligents pour fins militaires.
Conscients de leur condition humiliante et du but de l’expérience, les animaux veulent désormais la liberté. Mais pour cela, il leur faut la substance, ce que le zoologue leur refuse. Le lendemain, les jeux sont faits : Merle est libéré, Monsieur Toc accusé d’être à l’origine des troubles, les animaux redevenus eux-mêmes. Devant l’échec des animaux, Maxime ne voudra plus jamais retourner au zoo.
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Commentaires
Denis Côté offre à ses jeunes lecteurs un court roman qui leur plaira certainement. En effet, Les Prisonniers du zoo traite avec autant d’efficacité que de chaleur une question qui touche les jeunes de 7 à 77 ans : la condition animale. “Livre étonnant et saisissant”, souligne la quatrième de couverture. Indication juste : le texte se lit d’une traite, avec plaisir.
Le récit s’ouvre sur le classique King Kong. Une référence utilisée à bon escient. Elle démontre d’abord, par l’entremise du cinéma, la prégnance des médias dans l’univers de Maxime, l’omniprésence des informations écrites et télévisées. King Kong sert aussi de catalyseur narratif : la scène où Ozzie, la sœur de Maxime, hurle dans la nuit pour avoir aperçu un monstre, le souligne discrètement. Elle rappelle indirectement, de plus, un célèbre texte de Poe. Une lecture intertextuelle, essentiellement ludique, s’ajoute donc au thème principal et rehausse la complicité entre le texte et son lecteur.
Le vieux film introduit surtout le problème de la condition animale et, de là, conduit à la question écologique. Avec intelligence, Côté invite son lecteur à prendre conscience de l’attitude humaine à l’égard du règne animal : espèces en voie d’extinction, manque de respect envers l’environnement. Il pointe du doigt la responsabilité humaine et en fait ressortir les incidences politiques. L’accent sur celles-ci donne sa profondeur au texte qui témoigne par ailleurs de la dimension humaine du manque de liberté et de dignité animales. D’où la position centrale de la confrontation entre le Dr Merle et les singes, à laquelle assistent Maxime et Pouce, et qui succède à une série de péripéties. Elle met les adolescents devant deux discours divergents, les obligeant à prendre position.
L’auteur présente ainsi une morale discrète qui prône le respect de l’animal et la responsabilité face à l’environnement. Il souligne aussi l’impuissance des individus devant les décisions politiques et les conséquences néfastes de la manipulation de l’ordre naturel. Si la conclusion apparaît pessimiste, le but poursuivi par l’auteur, soit la dénonciation et la conscientisation, est véritablement atteint.
Cette nécessité de respecter l’environnement animal se répercute sur le plan humain. Ici encore, Denis Côté évite la lourdeur didactique. C’est avec chaleur qu’il décrit une famille où les membres s’aiment et se respectent. Il s’oppose finement à la pression sociale. C’est ainsi qu’il renverse les rôles sexuels (la mère est mécanicienne) et les attitudes parentales traditionnelles. Maxime est écouté, son imagination encouragée. La liberté s’applique non seulement aux animaux mais aussi à l’humain…
Une morale souriante du respect surgit ainsi d’une narration efficace. Le récit, en effet, possède une charpente solide qui supporte un suspense mené rondement. Le style, frais et serti d’humour, épouse autant la rapidité des événements que les réflexions du jeune Maxime. Il donne au récit justesse et chaleur. L’auteur nous convie à partager l’atmosphère de bonheur dans lequel le héros baigne, à entrer dans une aventure à réminiscence discrètement science-fictionnelle. Efficacité, humour, chaleur : qualités qui font de ce récit un agréable moment de lecture… [SB]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 55-56.
Références
- Collister, Edward, Lurelu, vol. 11, n˚ 2, p. 10.
- Desjardins, Denis, Nos livres, octobre 1988, p. 30-31.
- Le Brun, Claire, imagine… 48, p. 108-109.
- Lortie, Alain, Solaris 79, p. 22.
- Sanvoisin, Éric, Fiction 401, p. 188.
- Voisard, Anne-Marie, Le Soleil, 26-03-1988, p. D-7.