À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Marie s’inquiète : Lucie, sa fille de cinq ans, vit trop souvent avec Tom, son personnage imaginaire. Mais n’est-ce pas naturel chez les enfants de cet âge ? La psychologue la rassure. La lubie persiste cependant et prend des proportions inquiétantes.
Lucie joue et parle avec Tom cependant que ce dernier lui fait des révélations importantes sur lui-même. Ne sait-il pas de quoi il parle puisqu’il a été le personnage imaginaire de sa mère, et de sa grand-mère avant elle, ainsi de suite jusqu’à l’aube des temps, pour tout le monde, changeant seulement de nom et d’apparence ?
Qui est vraiment Tom ? Et pourquoi lui promet-il de faire d’elle une personne ?
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Il y a des fois où je hais Jean Dion. Surtout lorsqu’il nous sort de ces idées totalement originales auxquelles nous n’avons pas pensé, nous, pauvres écrivains sans imagination, et qui, par après, nous semblent si évidentes. Rassurez-vous, cette pure jalousie ne dure pas plus de quelques minutes après avoir terminé la lecture. L’amour remplace aussitôt la haine, et une envie de dire merci à l’écrivain qui a su nous faire passer un moment aussi sublime en nous dévoilant une nouvelle facette du mystère éternel que sera toujours l’être humain pour nous-mêmes.
Dans « La Promesse de Tom », Jean Dion s’attaque carrément à l’inconscient collectif de l’Homme, plus particulièrement à ce qui se passe dans la tête des enfants et que les adultes – tous les adultes – n’arrivent pas à se rappeler. Être une personne, c’est avoir un passé, nous dit Jean Dion par la voix de Tom. Et pour devenir une personne, il faut avoir un guide, explique notre professeur. Mais qui est – ou "qu’est" – le guide ?
Écrite de façon simple, directe, la nouvelle de Jean Dion explore une hypothèse jusqu’à sa conclusion ultime. Et la façon dont il se prend pose aux amateurs de classification un dilemme intéressant : sommes-nous ici en présence d’un texte de science-fiction, de fantastique ou, comme certains l’ont avancé, d’un texte carrément mystique ? Personnellement, je penche pour la science-fiction, de par les implications "cosmiques" de l’hypothèse. Mais le débat est levé, à vous d’y répondre.
Quant à la forme de la nouvelle, et à son écriture, moins recherchée qu’à l’habitude chez Jean Dion, si elles ne soulèvent pas de vague, c’est bien pour laisser toute la place à l’idée de base. La scène où la mère et la fille parlent ensemble et où Tom emprunte la voix de Lucie pour faire des révélations insoupçonnées à la mère sur son passé oublié est d’une force surprenante. Tout à coup, ce n’est plus une mère et son enfant qui sont en présence, mais bien deux petites filles en compagnie de celui qui a fait d’eux des "personnes".
Jean Dion, s’il soulève beaucoup de questions, n’apporte évidemment pas la réponse ultime, à savoir qui est vraiment Tom ? Mais c’est la beauté de ce texte que de laisser tant de grandes interrogations qu’on en finit plus de soupeser le tout une fois sa lecture achevée.
Un des meilleurs textes de Jean Dion, ce qui n’est pas peu dire. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 83-84.