À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À Montréal, tout le corps policier est sur les dents : quatre meurtres sadiques font craindre qu’un psychopathe ne soit en liberté. Est-ce lui que Marie-Louise Saint-Fleur, jeune fille délurée de souche haïtienne, a rencontré en revenant chez elle dans la nuit, ou Hannibal Renardin, qu’elle a ramené chez elle, n’est-il qu’un illuminé ? Chose certaine, Marie-Louise l’a vu se changer en monstre, en zobòp, puis redevenir lui-même en quelques secondes seulement ! D’après Hannibal, c’est un sort qu’on lui a jeté à Haïti. Il le condamne à vivre avec le loup-garou qui a toujours faim, mais il jure à Marie-Louise qu’il n’est pas l’auteur des crimes.
Hébergeant ce monstre dans l’appartement de ses parents en voyage, Marie-Louise ne sait que faire. Elle ne peut en parler à Sylvie Grenier, sa meilleure amie, qui ne pourrait garder le secret. Alors, sa tante Claudine, qui est justement criminologue et mêlée à l’enquête de la police ? Mais les événements se précipitent : son amie Sylvie trouve la mort dans une ruelle, la police découvre Hannibal qui s’échappe et se réfugie sur un toit, Marie-Louise et sa tante vont sur place et la jeune fille trompe la vigilance du périmètre de sécurité pour rejoindre Hannibal. Ce dernier l’assure qu’il n’est pas l’auteur de tous ces meurtres même si les apparences sont contre lui. Marie-Louise ne sait plus que penser, surtout qu’Hannibal dit qu’il ne peut plus vivre avec la malédiction de la bête et qu’il n’y a qu’une façon de régler son problème…
Commentaires
Quatrième roman jeunesse de Péan, Quand la bête est humaine se présente comme « … une version revue et augmentée de la nouvelle « La Faim justifie les moyens », parue dans le collectif L’Horreur est humaine (Québec, Le Palindrome, 1989) ». Or, au moment de la parution de cette nouvelle, le commentaire de L’ASFFQ avait été pour le moins mitigé, Claude Janelle soulignant les invraisemblances narratives, la pauvreté des dialogues et le manque de subtilité dans la dénonciation du racisme qui l’affligeaient.
Il faut croire que Péan s’est inspiré de ces remarques lorsqu’il a entrepris son roman car il a à la fois corrigé l’ensemble des irritants de la nouvelle et remanié de fond en comble ses personnages principaux afin de les rendre plus vraisemblables. Le résultat est probant : l’action est mieux structurée, le message antiraciste mieux contrôlé et, surtout, le rythme est beaucoup plus endiablé. D’une nouvelle médiocre, Péan a su tirer un véritable thriller qui démarre sur les chapeaux de roue avec une scène qui rappelle la célèbre poursuite du clip-vidéo de Michael Jackson, Thriller, mais qu’il conclut en renversant le cliché, le prédateur se changeant soudain en pauvre victime. Et la suite n’a rien à envier à ce début puisque, fidèle à sa manière, Péan met en place au cœur de Montréal un autre mythe haïtien, celui du zobòp. Et, sur fond de friction interculturelle, les enchaînements s’imbriquent rapidement les uns dans les autres sans qu’aucun grain de sable de vienne enrayer la mécanique qui conduira au dénouement inéluctable.
Réussite complète, donc ? Pas vraiment puisqu’il y a un « hic » majeur : le final, qui dérape étrangement alors que le parcours était jusqu’alors sans faute. Attention ! il offre bien les surprises et les révélations attendues, mais ce que ces dernières laissent entrevoir, c’est que tout un pan de l’histoire nous avait jusqu’alors été caché… et que nous n’en serons pas plus. Ce qui laisse comme impression, lorsque l’on ferme le livre, que l’auteur a précipité/parachuté sa fin parce que : 1) il manquait d’espace ou, 2) il ne savait plus comment se déprendre de sa mise en scène. Ce qui, peu importe l’hypothèse, devient assez frustrant pour le lecteur. Y aurait-il une suite prévue ? Si oui, elle n’est pas annoncée dans le livre.
Quoi qu’il en soit, et malgré cette dernière réserve de taille, Quand la bête est humaine demeure un excellent roman jeunesse. Espérons simplement que l’auteur lira ce commentaire et qu’il saura en faire aussi bon usage que de celui qui avait été formulé à propos de la nouvelle à l’origine de toute cette histoire. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 137-138.
Références
- Côté, Jean-Denis, Québec français 111, p. 107.
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 01/02-11-1997, p. D 3.
- Rufiange, Céline, Lurelu, vol. 20, n˚ 3, p. 36.