À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sur Xantia, les immigrants sont cantonnés dans des « parcs de transit » et attendent que le Complexe de Surveillance et d’Étude des étrangers se prononce à leur sujet. Un androïde, travaillant pour le compte du Complexe, visite régulièrement le vieillard Mikla. Il est vivement impressionné par la collection de petits soldats de plomb de l’étranger. Ces rencontres troublent l’androïde : elles éveillent en lui une souffrance et une curiosité tout à fait « humaines ». Jugé dangereux, Mikla sera éliminé, à la suite de quoi l’androïde, révolté, prendra la fuite.
Commentaires
Yves Ber nous sert l’histoire classique de l’automate qui s’humanise. Si ce n’était que l’on y trouve une critique des politiques restrictives en matière d’immigration, politiques qui traduisent parfois un franc racisme, le texte perdrait tout intérêt sur le plan idéologique.
La faiblesse de la nouvelle réside dans le manque de cohérence du personnage Mikla. En effet, comment un homme, exilé pour avoir prêché un idéal de fraternité et de paix, peut-il prendre plaisir à polir et à peindre des petits soldats, à reproduire des scènes sanglantes de bataille (le maréchal de Lannes, couché, qui regarde fixement ses jambes broyées par un boulet de canon…) ? Comment un tel pacifiste peut-il nourrir une si grande affection pour le conquérant Napoléon ?
C’est en observant la collection de Mikla, qui prétend illustrer l’Histoire de l’homme (perçue comme une série de batailles), et en écoutant ses discours parsemés des mots « liberté » et « égalité », que l’androïde réalise graduellement sa transformation. La grande révélation de la fin, alors que ce dernier plonge les mains dans la « sphère » des pacifistes (« Enfin, JE VOIS DES HOMMES ! »), frise le mysticisme.
L’androïde accédera donc à « l’homme » grâce à l’art (les figurines) et à la connaissance (l’Histoire). Cela donne lieu à un renversement tout de même intéressant puisque l’androïde nous paraît, à la toute fin, beaucoup plus humain que les militaires de Xantia !
Le style et le ton de Ber plairont à ceux et celles qui aiment les histoires moralisantes. La morale de cette histoire ? La souffrance est le lot de l’humanité… [RP]
- Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 30-31.