À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Trio infernal
Pagination
48-55
Lieu
Saint-Hyacinthe
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Monsieur Tibbs reçoit de monsieur Grieg, dans une enveloppe, quatre « thèmes » qui correspondent à quatre numéros de chambres dans un hôtel. Monsieur Tibbs va y parfaire sa connaissance de l’humain, en partageant les expériences de quatre personnes.

Dans la première chambre, une fillette assemble un casse-tête, métaphore de la vie, qui n’est qu’une « suite de choix, de chances, de décisions, de hasards… ». La deuxième chambre est munie d’un balcon, duquel un jeune homme s’apprête à sauter. Monsieur Tibbs, capable de s’inviter dans la tête d’autrui, partage brièvement avec lui l’expérience du suicide. Après quoi, il se transporte chez un jeune paumé occupé à s’écorcher méthodiquement, sa tâche facilitée par l’injection d’une drogue. Dans la dernière chambre, une femme propose à Tibbs de se laisser égorger au moment de l’orgasme.

Ultérieurement, Tibbs retrouve son fournisseur, lequel lui annonce qu’il lui reste une émotion à expérimenter, celle que procure le meurtre. Tibbs consent à étrangler son guide et, ce faisant, à prendre son relais pour « enseigner l’humain » au prochain stagiaire de leur espèce.

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Commentaires

Dans la forme courte de la nouvelle, l’auteure est apparemment allée à l’essentiel de ce qu’est l’expérience humaine : finir un puzzle et, plus important encore, mourir. Suicide par désespoir, suicide par automutilation sous l’influence d’une drogue qui insensibilise, égorgement au terme d’un accouplement sadique, puis dispensation de la mort.

Il y a l’amour aussi, du moins l’attachement, car dans la scène finale le narrateur s’avoue que son mentor, monsieur Grieg, lui était devenu cher. C’est révélé de manière un peu expéditive, tout comme la mention que le narrateur et son guide, ces adeptes de la téléportation, ne sont pas humains. Venus d’ailleurs, ils appartiennent à une espèce qui ne meurt pas (du moins, pas naturellement). Sur cet aspect, pas plus que sur d’autres (comme la nature de la personne vêtue de latex noir ou de cuir avec laquelle Tibbs s’accouple), il convient de ne pas trop gratter le texte. Tibbs vient de survivre à un égorgement, quelque chose d’assez fatal en principe, et pourtant Grieg entre ses mains réticentes mourra (pour de bon) d’être simplement étranglé.

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 16.

Mais bon. Autrement, on apprécie les ambiances, ces évocations réussies de soir d’automne, ces vents diversement qualifiés qui soufflent sur les rendez-vous des deux étrangers et dans les quatre chambres du grand hôtel abandonné, qu’elles soient ou non dotées de fenêtres. À l’étude, on relève des pistes qui auraient pu être approfondies dans une version plus longue. Ainsi, le fait que les deux hommes sont de même origine est établi à l’avant-dernière page, mais c’est seulement à la relecture que j’ai noté que la nature de Grieg constituait jusque-là un mystère pour son interlocuteur. [DS]