À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Chaque soir depuis sept ans, Rolande et Henri jouent au oui-ja. Le jeu se déroule suivant un ordre immuable : la femme pose une question, puis une petite planchette de bois glisse sur ses patins et pointe la réponse, constituée de « lettres, de chiffres et de mots simples ». Grâce au jeu, les deux vieillards s’assurent que leur amour est réciproque et s’interrogent l’un l’autre sur toutes sortes de sujets. Mais Rolande oublie parfois qu’il y a certaines questions qu’il vaut mieux ne pas poser…
Commentaires
Si cette nouvelle ne compte pas parmi les meilleurs textes de Jean Pettigrew, elle est toutefois d’une facture tout à fait honnête. Le récit est bien mené ; le sujet est serré de près, sans digression inutile. Jamais le personnage masculin ne présente un comportement incompatible avec son état de trépassé – et la tâche n’est pas aussi facile à réussir qu’on pourrait le croire.
En revanche, on voit venir la fin de très loin : l’issue confirme les soupçons du lecteur bien plus qu’elle ne surprend. Cela tient peut-être au fait que la vieille dame est trop ostensiblement focalisatrice, c’est-à-dire que l’on sent un peu trop que les choses et les êtres sont vus à travers sa conscience, et que le mari ne joue qu’un rôle de figurant. Je sais qu’il peut paraître inconvenant de reprocher à un mort de ne pas se montrer très vivant, mais le récit m’y oblige…
Règle générale, les œuvres fantastiques présentent une action qui se produit exceptionnellement. « La Question » se distingue en ceci que le phénomène qu’elle met en relief se produit quotidiennement depuis sept ans. Il s’agit donc d’un récit itératif, c’est-à-dire un récit qui décrit une fois un événement qui s’est produit plusieurs fois. Aussi ce texte pose-t-il un problème de crédibilité : il est difficile de croire que Rolande ne s’habitue pas à se faire rappeler la mort de son mari, non seulement parce qu’elle a Henri sous les yeux, mais surtout parce que la planchette le lui remémore régulièrement. [LM]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 166-167.