À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sur la paisible planète Minos, un vaisseau spatial effectue un raid et s’empare d’une centaine d’habitants. Le jeune Ludwig, treize ans, échappe au raid ; ses parents, eux, ont été enlevés. Les autorités de la très pacifique Fédération interplanétaire qui regroupe huit races intelligentes sont mises au courant. Elles demandent aux Minosiens de ne rien tenter par eux-mêmes, de peur de déclencher des hostilités avec la civilisation à l’origine du raid. Incapable d’attendre indéfiniment tandis que les autorités tergiversent sur la marche à suivre, Ludwig décide de partir en quête de ses concitoyens. Accompagné par sa grande sœur Kalinda et le vieux Gayove, il prend le contrôle du vaisseau K-27 dont l’ordinateur, Trébor, a choisi de l’accepter comme pilote à la place de son père.
Gayove les dirige d’abord vers la planète Atéra et son ancienne cité maintenant abandonnée, où ils pourront trouver une combinaison spatiale adaptée à la petite taille de Ludwig. Une fois arrivés, ils font la rencontre d’un androïde de type C-511, seul survivant d’une attaque qui a détruit son vaisseau. Peu après, patrouillant le secteur, ils détectent fortuitement la présence d’un vaisseau invisible à leur radar. Le vaisseau file droit vers un trou noir et sur sa propre initiative, l’ordinateur Trébor les plonge à sa suite. Le trou noir fonctionne comme un portail : le K-27 émerge à 1000 années-lumière de distance de son point d’origine, dans une zone de la galaxie inconnue de la Fédération.
Les occupants du K-27 portent secours à un vaisseau en perdition qui croise leur trajectoire et ramènent l’équipage survivant à sa planète d’origine, Intello. Là, ils apprennent qu’ils se trouvent au sein d’un vaste empire colonisé par des humains il y a bien longtemps ; à la suite d’une guerre récente, il s’est fracturé en deux domaines rivaux. Les Minosiens se rendent jusque sur la planète impériale où ils obtiennent une audience avec l’Empereur. Ce dernier accepte de les aider. Peu après, une piste se présente : sur Môara, la planète des sables, le Seigneur Mô saurait les renseigner davantage.
Après quelques péripéties, le K-27 arrive à Môara. Hélas, le Seigneur Mô n’est pas de bonne foi : Ludwig et Kalinda sont envoyés rencontrer un riche marchand, Pran Yeu, lequel a été chargé de les éliminer. C’est l’androïde C-511 qui intéresse le Seigneur Mô, mais seulement comme moyen de s’emparer du merveilleux vaisseau K-27. Il exerce de telles pressions sur l’androïde pour qu’il révèle tous ses secrets que C-511 finit par s’autodétruire, effaçant sa propre mémoire pour ne rien trahir des secrets de ses maîtres. Pendant ce temps, Ludwig et Kalinda se sortent du piège et prennent contact avec la résistance planétaire ; le K-27 vient même les chercher sous sa propre gouverne. Durant leur traversée du désert, Ludwig a été contaminé par un champignon parasite qui a corrompu son code génétique et le condamne à mort à brève échéance.
De retour à la planète impériale, Kalinda et Gayove supplient l’Empereur Maxille de venir en aide à Ludwig. Maxille a recours à une machine capable de rebâtir le corps de Ludwig selon son code génétique ; mais il remplace l’ADN de Ludwig par celui de Torcan le Barbare, le héros à l’origine de l’Empire, mort depuis dix mille ans. Lorsque Ludwig émerge de la machine, il a donc le corps de Torcan – mais a conservé l’esprit du jeune adolescent qu’il était. Devant cet échec, l’Empereur abandonne son projet de ressusciter Torcan et laisse partir les compagnons.
Tous trois reviennent sur Intello. Un de leurs cybernéticiens a réussi à récupérer l’androïde C-511 et s’affaire à le remettre en état de marche. Il y parviendra mais simultanément le vieux Gayove, usé par ses épreuves, décède.
Kalinda et Ludwig, accompagnés de C-511, finiront par aboutir sur la planète Gortad, où sont emprisonnés les Minosiens enlevés. Il se révèle que le Seigneur Mô y exploite des mines de cérium, lequel lui servira à barder des vaisseaux de guerre d’un camouflage radar parfait. Ludwig est capturé par les robots qui gardent la mine. Kalinda et C-511 retraversent le trou noir pour aller chercher de l’aide auprès de la Fédération. Ils réussiront à recruter un vaisseau cargo et une vingtaine de fantassins ménératiens. Après une bataille épique, les prisonniers sont libérés. Kalinda et Ludwig retrouvent leur mère Hélène ; leur père, Lori, est mort plus tôt. Hélène décide de rester au sein de l’Empire et d’agir comme médiatrice entre les parties en conflit. Elle recréera une nouvelle cité d’Atéra sur une planète de l’Empire rebaptisée Nova. C-511 veille sur elle, lui qui, en réalité, est Gayove, dont l’esprit a été copié par le cybernéticien d’Intello dans la machinerie de l’androïde.
Les années passent. Hélène continue son œuvre de paix et se fait cloner pour que sa fille lui succède à sa mort. Ludwig, sur Minos, fonde une famille. Kalinda a plutôt choisi de se consacrer à une carrière sportive.
Commentaires
Élisabeth Vonarburg, dans sa critique de La Cité d’Atéra, dont ce livre constitue la suite, avait fait un résumé plutôt longuet du livre, et je comprends maintenant pourquoi. Les histoires concoctées par Alain Vallières regorgent en effet de péripéties enchaînées par des détails parfois saugrenus, de sorte qu’on est bien obligé d’expliquer la présence de l’androïde C-511 par la visite dans la cité d’Atéra, même si cette dernière n’est justifiée que par une excuse narrative. Trop comprimer les événements rendrait leur déroulement inintelligible ; or, les rebondissements sont bien la seule chose qui suscite l’intérêt dans La Quête de Trébor. C’est un signe de faiblesse sérieuse quand l’intrigue n’avance que par une suite de coïncidences. Que ce soit sur une planète réputée inhabitée, dans un désert balayé de terribles tempêtes ou au fond d’une mine gardée par des robots impitoyables, il se trouve toujours quelqu’un pour venir providentiellement en aide à nos héros et leur fournir des informations qui les dirigeront vers la prochaine étape de leur quête. J’ai d’ailleurs renoncé à comprendre comment au juste l’ordinateur Trébor a pu savoir où étaient cachés les prisonniers minosiens : la chaîne de coïncidences, d’informations transmises par les peintures d’un exilé visionnaire, de rumeurs venues d’on ne sait où était trop longue pour que je m’y retrouve.
Paradoxalement, ce roman où une péripétie n’attend pas l’autre finit par donner l’impression que rien ne s’y passe. Malgré la surabondance de détails et d’éléments d’intrigue qui remplissent les pages, elles semblent vides en rétrospective. Cela, parce qu’Alain Vallières se refuse toujours à étayer ses idées, à approfondir ses personnages, à nuancer ses panoramas. Asservis à la propulsion de l’intrigue, les décors changent lorsque c’est nécessaire mais ne sont jamais bien décrits. Les personnages secondaires apparaissent le temps d’aider les héros et se font tuer quelques pages plus loin. On dit en anglais « tout y est sauf l’évier de la cuisine », et c’est bien l’expression qui convient ici, où on retrouve pêle-mêle tous les poncifs de la SF des années 40 à 70, des robots aux yeux qui jettent des rayons rouges, les versets d’un livre sacré qui prophétisent, des clones, des champs de force, en veux-tu en voilà.
On reste presque tout du long de ce roman dans un registre très adolescent. À deux reprises toutefois, l’auteur s’élève au-dessus : d’abord avec le fourbe Pran Yeu, qui est un pédophile et qui agressera Ludwig durant son sommeil avant de l’envoyer à sa perte. Voilà qui témoigne d’une certaine audace, même si on reste dans le domaine du cliché – Pran Yeu est évidemment le seul personnage homosexuel du roman. Mais les séquelles psychologiques de cette agression n’auront aucune incidence sur la suite des choses. Le second élément qui m’a surpris, c’est la métamorphose de Ludwig en clone de Torcan qui, malgré son aspect ridicule, aurait pu donner au livre un élan nettement plus profond. Après tout, ce motif a inspiré rien de moins qu’un diptyque de Gene Wolfe, ainsi que le premier roman de votre humble serviteur. Mais là encore, la maladresse de l’auteur et son recours constant à de nouvelles péripéties noient le poisson.
La naïveté est un aspect constant de La Quête de Trébor, et culmine dans la postface où l’auteur explique que, ne disposant pas du support d’une maison d’édition, il a dû demander à son entourage de le conseiller sur comment écrire son roman. Hélas, personne n’a su lui dire que trop, c’est comme pas assez ; que d’épurer son intrigue et de trouver de meilleurs liens entre moins d’épisodes auraient produit un bien meilleur roman. L’auteur aura en tout cas suivi le parcours typique de ceux qui s’auto-éditent, et qui se découragent après leur deuxième essai infructueux. Alain Vallières est en effet resté silencieux depuis vingt ans. En toute méchanceté, je dirai que ce n’est pas une grosse perte. [YM]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 189-191.