À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme, Labrador, part explorer son pays dont il porte le nom. À bord d’une barque capable de voyager sur terre, sur mer et dans les airs, il parcourt le territoire, faisant monter un à un dans son bâtiment six hommes possédant un don différent. L’équipage se pose près d’un immense édifice de pierre qui abrite le Grand Gouvernement. Celui-ci, par la voix du Grand Premier Ministre, demande à Labrador et à ses compagnons de retrouver l’oiseau blanc, emblème du pays. Au préalable, le groupe doit sortir victorieux de trois épreuves.
Commentaires
« La Quête du pays » épouse la forme d’un conte traditionnel entrecoupé de chansons. L’image de la chasse-galerie vient immédiatement à l’esprit, mais l’univers magique du récit ressemble davantage à un conte de Ti-Jean, héros populaire qui doit surmonter les épreuves qui se dressent sur son chemin. Une différence de taille, toutefois : le conte de Réal Tremblay a une saveur nationaliste pleinement assumée, puisqu’il s’agit d’une quête politique, collective tout autant que personnelle. En effet, Labrador n’est pas seul : il peut compter sur les dons ou facultés d’un groupe de choc qui réunit toutes les ressources (ouïe fine, vue perçante, force herculéenne, vitesse prodigieuse, souffle inépuisable et contrôle des saisons) pour relever le défi des trois épreuves.
Assez étonnamment, c’est le Grand Gouvernement qui est responsable de la disparition de l’oiseau blanc, symbole de l’âme du peuple. Qu’est-ce à dire ? Qu’il ne faut pas trop compter sur l’État pour entretenir la fibre identitaire et favoriser l’expression de l’âme du peuple ? Tremblay en fait une affaire individuelle, affirmant qu’il ne faut pas s’en remettre aux hommes politiques et aux lois pour construire son identité.
C’est plutôt par la musique et les mots de Violâme – nom (volontairement ?) ambigu, autant « viol-âme » que contraction de « violon-âme » –, violoneux-raconteur, que se répand l’âme du pays sur tout le territoire. Ce faisant, « La Quête du pays » constitue un vibrant hommage aux chansonniers qui ont chanté le pays, Gilles Vigneault au premier chef.
Le conte de Réal Tremblay rappelle aussi l’importante des racines, le devoir de continuer l’œuvre des ancêtres. Il est bien le produit de son époque. Le découvrir aujourd’hui, alors qu’il était passé sous le radar en 1993, est une belle revanche sur le temps. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 182-183.