À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Xénon, Xanthophylle, Xérès, Xérus et Ximénie sont originaires de Khamai. Partis de leur planète, ces quintuplés utilisent les pouvoirs échus à leur peuple dans des numéros de saltimbanques qui font fureur, en particulier sur Néoklondike où ils se produisent depuis un an. Orchidée LeCamion, fonctionnaire du ministère de l’Immigration, leur apprend qu’ils viennent d’obtenir leur citoyenneté néoklondikoise. En guise de cadeau d’honneur, elle leur donne un chiffreur digital pour la loterie 6/4949, les Néoklondikois ne vivant que pour le jeu. Un jour, Xérès le ventriloque remporte le lot. Au cours d’une cérémonie nationale, le chef d’État lui remet son prix : un cube aux faces marquées de un à six, objet d’une vénération séculaire. Mais le cube s’avère une boîte à surprise d’où surgit un serpent venimeux. Xérès est mordu et changé en statue de pierre.
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Commentaires
On ne joue pas avec le jeu clameront les médias après cet incident malheureux. Doit-on prendre cette phrase comme la morale de l’histoire ? Michel Bélil tient-il à nous mettre en garde contre la passion du jeu qui anime les Québécois depuis quelques années ? Pour ma part, je ne vois dans son texte qu’un conte sans prétention. À mi-chemin entre le merveilleux poétique et la science-fiction d’humour, c’est écrit avec simplicité, rempli d’imagination, léger et fou comme certaines bandes dessinées. Pas de psychologie dans cette histoire dédiée au Cirque du Soleil : les personnages sont à deux dimensions, sans profondeur, et c’est voulu.
La planète Néoklondike possède une écologie différente de celle de la Terre, ce qui donne lieu à d’intéressantes inventions langagières concernant les saisons (étembre, hivobre, unembre, triembre), la faune et la flore (les neigeots qui estembrent). Toutefois l’écriture, parsemée d’expressions québécoises, n’est pas déroutante. Au niveau de la construction, soulignons que le texte est divisé en huit parties chapeautées d’un titre.
Le conte de Michel Bélil est donc fort agréable, mais pas tout à fait satisfaisant. Dans ce texte plutôt court, trop d’éléments étaient rassemblés à la ligne de départ : la relation entre quintuplés, la vie privée et scénique des saltimbanques, leurs étranges pouvoirs de métamorphose, la planète Néoklondike avec son écologie particulière, le peuple obsédé par le jeu et enfin la lotto 6/4949. Ces trois derniers aspects sont d’ailleurs les mieux exploités. J’aurais aimé en savoir plus sur les rapports entre les cinq personnages et sur les divers talents qu’ils affichent sous le chapiteau. Dans l’unique scène où les quintuplés sont en piste (p. 43-44), on ne sent ni la présence de la foule ni l’intensité du spectacle, comme si l’auteur avait écrit ces pages à la va-vite.
Un récit rafraîchissant, dans son ensemble. [DC]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 30-31.