À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Gaé vit depuis sa naissance avec son chien-robot Hugo. Celui-ci lui sert de parents, de serviteur et de gardien. La jeune fille confie à Hugo qu’elle veut rejoindre les rebelles dans les monts Iri. Lors d’une première tentative, le robot-guide contrecarre les plans de Gaé en la blessant grièvement à la jambe. Après sa guérison, elle tente de nouveau de s’enfuir. Hugo se dresse sur son chemin…
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L’enjeu de la nouvelle d’Évelyne Foëx tourne autour de la relation entre la jeune fille et son chien-robot. Au fil des ans, Gaé s’est attachée à son compagnon et elle prend le pari que ce sentiment est réciproque. C’est pourquoi elle lui confie ses intentions secrètes malgré l’avis du rebelle Paul qui l’incite à la plus grande discrétion.
Depuis Isaac Asimov, la question ne cesse d’interpeller les auteurs de science-fiction : est-ce qu’un robot (ou une intelligence artificielle) est capable d’éprouver des sentiments humains comme la compassion, l’amour filial ? Cette interrogation nourrit la charge émotive de la nouvelle dont c’est la plus grande qualité.
L’écrivaine esquisse le cadre social dans lequel vit Gaé, une adolescente rebelle. Depuis l’an 2500 environ, la famille traditionnelle n’est plus cette cellule nucléaire autour de laquelle se construisait la société sur la Terre. Les enfants sont conçus en laboratoire et ne connaissent pas leurs parents. Ils sont confiés dès leur naissance à un robot-animal qui élève l’enfant et demeure à son service tout au long de sa vie.
Le robot-animal contrôle les déviances possibles de son « maître » tout en se chargeant des tâches domestiques. La criminalité a presque complètement disparu, l’ordre et la prospérité règnent. L’envers du portrait – et le problème auquel sont inévitablement confrontées les eutopies –, c’est la limitation de la liberté des citoyens. Ceux-ci doivent porter en permanence un bracelet de communication qui permet en tout temps de savoir où ils se trouvent. Les rebelles que Gaé veut rallier réclament le droit d’exercer pleinement leur liberté d’êtres humains et d’élever leurs enfants.
On peut regretter que l’auteure n’ait pas expliqué brièvement en quoi le retour à la cellule familiale est susceptible d’ébranler les structures de la société et de favoriser l’anarchie.
Malgré tout, la nouvelle d’Évelyne Foëx, qui se cache dans un manuel scolaire comportant des exercices sur ce texte et sur d’autres, se révèle sensible et touchante. Il aurait été dommage qu’elle ne soit pas extirpée de sa gangue. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 85-86.