À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un matin, alors qu’il n’est encore qu’un enfant, Charles Suffer refuse de manger. Dorénavant, il va refuser de grandir, de dormir, voire de respirer. Au soir de sa vie, presque centenaire, il va finalement accepter que la mort vienne le chercher. Mais « il se vit refuser les portes du Paradis. »
Commentaires
Je refuse de commenter ce texte. Et puis après ? me rétorquez-vous. C’est vrai, qui s’en formalisera ? À l’image du refus global de Charles Suffer, qui se sentira concerné par cette décision, sinon peut-être l’auteur ?
C’est là le problème du texte de Marc-Antoine Cyr : le geste radical et déraisonnable de son personnage ne repose sur aucune motivation sérieuse. Son refus est gratuit et ne porte pas vraiment à conséquence (Change-t-il le monde ? A-t-il un effet mobilisateur ? Il semble que non.) comme apparaît gratuit et facile le rappel de son attitude dans son patronyme même (quand on le lit de droite à gauche). C’est le choix de l’auteur, il est libre de mener sa fiction comme il l’entend, mais je ne peux m’empêcher de penser que son texte aurait bénéficié de potentialités plus riches si le refus de Suffer avait été appuyé sur des raisons idéologiques ou politiques comme le célèbre Refus global de Paul-Émile Borduas et des Automatistes dont on a célébré le cinquantième anniversaire en 1998.
On peut arguer que le refus de Charles est existentiel, qu’il se suffit à lui-même. Soit. On peut aussi déceler dans la dernière phrase, citée dans le résumé, un déni de liberté et d’indépendance d’esprit qui consacre la victoire finale de Dieu sur l’homme qui a osé défier sa nature ontologique.
La brièveté du texte et son côté absurde davantage que fantastique m’incitent à lui donner le bénéfice du doute. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 71.