À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Martin Dupont est aux prises avec un lendemain de veille. Péniblement, il se prépare pour son cours de philo, mais quelque chose le tarabuste : une impression… En route pour l’école, puis en classe, d’autres impressions viennent s’ajouter. Quand enfin il comprend, il est trop tard : dans le corridor où il se sauve, une ferraille indescriptible le happe mortellement !
Commentaires
Malgré quelques maladresses d’écriture et une fin prévisible, « Réminiscence » offre une lecture intéressante. J’aime bien le ton de Bolduc, à la fois pince-sans-rire et iconoclaste, qui n’est pas sans rappeler certains écrivains anglosaxons de la belle époque, surtout lorsqu’il se permet des effets grossissants comme cet amoncellement de réveils cabossés, ce professeur de philo qui endort à coup sûr ses étudiants, etc. Aurait-on enfin en Claude Bolduc un auteur capable d’exagérations ?
Quant à l’histoire proprement dite, elle ne casse rien, la thématique du mort vengeur n’étant pas nouvelle, loin de là. Cependant, on peut noter un effort dans la façon, une volonté d’innover. Et la volonté, pour un écrivain, n’est-ce pas la moitié de son travail ? Je remarque aussi une complaisance dans la description macabre de la fin. J’aime bien l’aspect dégueulasse de la chose, mais à trop en remettre sur l’adjectif, on finit par faire décrocher le lecteur : « visqueux », « immonde », « indescriptible », « affreux », « hideuses »… en une vingtaine de lignes, c’est beaucoup. Pour créer une image boiteuse, je dirais que les adjectifs sont à l’écriture ce que les effets spéciaux sont au cinéma : des catalyseurs d’imaginaire qui, s’ils sont utilisés sans discernement et en trop grand nombre, saturent celui qui lit ou regarde et le font décrocher à coup sûr !
Ceci dit, « Réminiscence » est un texte qui promet. On en veut encore, monsieur Bolduc ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 35.