À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une femme assiste à un curieux spectacle : dans la cour d’une imprimerie, un artiste suspend à une corde à linge de larges feuilles chargées d’écritures. Le sort s’acharne contre lui : immanquablement, les lettres glissent sur le sol et se mêlent à la terre boueuse. L’artiste, découragé, caresse de la main son papier blanc tout en racontant ses déboires. Et voilà que, du bout de ses doigts, des caractères émergent et s’inscrivent sur la page. La femme, fascinée, achète ce bout d’écriture sans en prendre connaissance. Dix ans plus tard, elle retrouve la page qu’elle avait rangée, oubliée… Une page redevenue blanche.
Commentaires
Nane Couzier raconte l’absence d’une véritable rencontre entre l’auteur et le lecteur, qui se traduit ici par la victoire du blanc ou du néant, par la désertion de territoires imaginés. « Rencontre blanche » raconte aussi la lutte tranquille de l’écrivain contre le silence et la solitude, son impuissance à fixer de nouvelles lignes de fuite sur la carte du littéraire. Car l’œuvre exige, pour s’ouvrir et pour signifier, la venue de l’autre, de celui ou de celle qui saura capter la fluidité de l’image pour la mêler à sa propre substance créatrice et lui donner corps.
Dans « Rencontre blanche », l’œuvre a l’odeur du quotidien et la conscience de l’irrémédiable. Nane Couzier nous offre un texte où insolite et poésie s’emmêlent, un texte d’une très rare beauté sur la magie et l’intensité de l’écriture. Un petit bonheur de lecture qui restera bien gravé au fond de ma mémoire de lectrice. [RP]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 64-65.