À propos de cette édition

Éditeur
Le Devoir
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Devoir, vol. LIV, n˚ 251
Pagination
25
Lieu
Montréal
Date de parution
26 octobre 1963

Résumé/Sommaire

Le narrateur parle d’une maison de campagne où il a élu domicile durant « dix jours ? Dix ans ? ». Il avait pour voisine une Anglaise sans charme qui cultivait des rosiers dans un jardin gardé par un molosse appelé Peace. Le lendemain d’une conversation guère chaleureuse, le besoin d’emprunter une échelle ramena le narrateur chez la vieille Anglaise, dans le salon de laquelle une lampe brillait toujours à la tombée du jour. Son jardin était ensoleillé, même s’il faisait gris et que la région avait subi un déluge toute la journée. Le narrateur sonna, elle ne répondit pas à la porte ; il entra quand même. Il la vit parlant, offrant porto et biscuits… à un fauteuil vide, ou à un interlocuteur invisible, qu’elle écoutait avec tendresse, sans le voir, lui. « Chaque soir, dans son petit salon rose et gris, à l’heure du rendez-vous elle se quittait pour se retrouver, elle devenait magiquement la femme qu’elle eût été si quelqu’un l’avait aimée. »

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Commentaires

Peut-on s’étonner qu’on ait donné au Prix de la nouvelle le nom d’Adrienne Choquette ? Ce texte, qui n’occupe qu’une demi-page du Devoir (en 9 points tout de même) est exemplaire dans son économie de mots et son pouvoir d’évocation. Au fil d’une narration généralement à la première personne, mais s’adressant parfois directement au lecteur, l’écrivaine offre des moments exquis. « Des roses je m’approche avec respect et avidité, comme de créatures vivantes qui auraient assisté au premier matin de la terre, qui auraient vu le jour se déplier dans la main de Dieu. » Ou encore, au moment où le narrateur se rend compte que le jardin forme une oasis hors du temps, et donc que plus rien dans cette journée ne sera normal, il a quand même l’impulsion d’aller frapper à la porte de l’Anglaise : « Dites-moi », demande-t-il au lecteur, « est-il vrai qu’il y a des gens qui peuvent expliquer chacun de leurs actes, qui connaissent exactement les motifs de leurs gestes et ne prononcent toujours que les paroles qu’ils désirent prononcer ; pour qui rien de leur âme ne leur est caché, qui sont justifiés de se fier à leur âme, car elle ne les mènera jamais que vers ce qui est raisonnable… Y a-t-il de ces gens, dites-moi ? »

Quant au choix, en 1963, d’une anglophone comme protagoniste du « Rendez-vous », je ne connais assez ni l’histoire littéraire québécoise ni l’œuvre d’Adrienne Choquette pour le mettre en perspective. Ce choix est-il inconséquent ? Fallait-il ajouter une touche supplémentaire d’altérité à ce personnage déjà marginalisé par sa vie d’ermite ? Ce choix (et la coloration qu’il donne au texte) a fonctionné pour moi, en tout cas. Tout comme l’image d’une lampe brillant à une fenêtre alors que le soir n’est pas encore tombé ; mais nous nous retrouvons ici dans la plus totale subjectivité du récepteur.

N’est-ce pas justement là que doit nous emmener tout bon écrivain ? [DS]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 47-48.