À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un adolescent, Alexandre Mercier, doit rédiger une dissertation sur la langue comme objet de fierté nationale. En panne d’inspiration, il lance un morceau de réglisse durcie sur une affiche de René Lévesque, lequel entame avec lui une conversation sur le sujet imposé par son enseignante. Quoique conscient de l’importance de sa langue, Alexandre souhaiterait être capable de parler toutes les langues de la Terre. Souhait exaucé, pour le meilleur et pour le pire.
Commentaires
« René et moi » est un texte presque entièrement dialogué entre un adolescent de treize ans et demi et l’image de René Lévesque qui s’anime sur une affiche. Le sujet de conversation porte en grande partie sur la langue et son rapport à l’identité. Louise Lévesque démontre avec clarté que la langue est le fondement de l’individu. Quand Alexandre exprime le souhait de parler toutes les langues, il ne se rend pas compte que cela signifie gommer sa spécificité. Certes, il peut alors communiquer avec tous les peuples dans la langue de son interlocuteur, mais il n’a pas accès à son intimité parce qu’il demeure un étranger aux yeux de l’autre, parce qu’il n’est pas un des siens. « Tu auras beau dire le mot “riz” dans un chinois parfait, ça ne fera pas de toi un Chinois pour autant », apprendra-t-il de son expérience.
Le choix de René Lévesque comme mentor d’Alexandre n’est pas fortuit. On aurait peine à imaginer un tel dialogue entre l’adolescent et Robert Bourassa, par exemple. Évoqué plus que portraituré, celui qui a incarné pour toute une génération de Québécois l’idée d’indépendance n’a pas nécessairement la même signification pour un ado comme Alexandre, né quelques mois avant le référendum de 1980. Pour lui, l’ouverture sur le monde peut être compromise par la langue.
La nouvelle porte davantage, en définitive, sur le lien vital que représente la langue française pour notre identité nationale que sur le statut politique du Québec. Cela contribue à faire de la nouvelle de Louise Lévesque un texte toujours actuel, tant le sujet de la langue française fait régulièrement les manchettes et suscite des débats récurrents.
« René et moi » dégage un certain parfum de nostalgie quand on le lit aujourd’hui. Le récit se déroulant en 1993, deux ans avant le second référendum, on se prend à rêver à une époque où le projet indépendantiste était à portée de la main. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 124.