À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Six jeunes se réunissent pendant les vacances d’été dans une cabane qu’ils surnomment le Château et là, ils se racontent des histoires de peur. L’une des deux fillettes du groupe s’excite et saute sur un vieux pouf en réclamant à tue-tête des histoires de monstres. Ses pieds défoncent le tabouret. Les six amis découvrent à l’intérieur un manuscrit écrit par l’ancien propriétaire du pouf, un dénommé Adélard Bouchette. Il y raconte comment il fut attaqué par un loup-garou, rencontre qui fut probablement fatale car le manuscrit s’arrête brusquement. Adélard a aussi transcrit une formule magique qui est censée donner le pouvoir de se changer en loup-garou. Les jeunes décident donc que le lendemain, ils prononceront à haute voix la formule au cours d’une cérémonie nocturne.
Pendant que Rémi et Lucie retournent à la maison familiale, Rémi convainc sa jeune sœur de jouer un bon tour à leurs quatre amis de la ville. Le lendemain, ceux-ci s’interrogent à savoir ce que pouvait bien fabriquer une fillette de onze ans, Georgette Gendron, en compagnie d’un homme de quarante-cinq ans en pleine nuit. Puisqu’il est précisé dans le document que le loup-garou était le voisin d’Adélard, trois des quatre jeunes citadins décident d’aller fouiller dans les archives de l’hôtel de ville afin de retrouver l’identité de ce mystérieux individu. Pendant ce temps, Lucie et Julie se rendent au parc où elles se font offrir gratuitement des cornets par le marchand de glaces, Monsieur Freddy. Lucie, frappée d’une inspiration soudaine, entraîne son amie du côté de la propriété de Georgette Gendron qui est maintenant une vieille fille. En empruntant un raccourci à travers la forêt, les deux copines découvrent un minuscule jardin fort bien entretenu. Chose étrange, le portrait d’un homme est encastré dans un roc sur lequel est gravée la phrase suivante : MERCI DU FOND DU CŒUR. Surprises par Georgette, les deux fillettes s’enfuient à toutes jambes.
La nuit venue, les six jeunes se réunissent pour la cérémonie prévue et ils récitent la formule. Rémi et Lucie se changent en loups-garous et se lancent à la poursuite de leurs compagnons. Heureusement, il ne s’agit que d’une plaisanterie de leur part, ainsi que l’explique Lucie à sa copine Julie une fois qu’elle l’a rattrapée. Rémi et Lucie sont de véritables lycanthropes mais ils n’ont absolument pas l’intention de faire le moindre mal à leurs amis. Cependant, un autre loup-garou rôde dans la forêt et s’empare de Lucie. Son frère et ses quatre amis traquent le ravisseur et sont rejoints plus tard par Louvain, le père de Lucie, qui s’est transformé à son tour en loup-garou. Ils se retrouvent tous dans une grange appartenant à Georgette. C’est le marchand de glaces qui, revêtu d’un costume d’homme loup, a enlevé Lucie. Il semble éprouver le même goût pervers pour les filles nubiles que son oncle Adélard ! Ce dernier avait tenté à l’époque d’abuser de Georgette mais le voisin d’Adélard, Gary Lupien, qui est le père de Louvain, était venu au secours de la fillette sous sa forme de loup-garou. Louvain veut étrangler le pédophile mais Georgette et les enfants l’en empêchent. Monsieur Freddy parvient à fuir à bord d’une barque mais le lendemain, on ne retrouve en aval que l’embarcation brisée.
Commentaires
Au début de ce roman, quand les premiers éléments se mettent en place, c’est-à-dire un groupe de jeunes se réunissant dans une cabane et deux fillettes qui veulent absolument se joindre à cette bande qui se compose de leurs frères et sœurs plus âgés, j’ai eu peur d’être tombé sur un de ces romans pour jeunes à l’intrigue banale et convenue comme il en existe des centaines d’autres. J’avais aussi l’impression que le fantastique ne serait qu’accessoire. J’avais complètement tort. Dès que les protagonistes découvrent le manuscrit d’Adélard Bouchette, l’histoire ne cesse plus de prendre de l’intérêt. Non que ce roman soit d’une grande originalité. Tout ce qui s’y trouve, on l’a déjà vu ailleurs, mais l’agencement des éléments de l’intrigue est intéressant. Le lecteur ne s’ennuie pas et c’est ce qui compte finalement.
Deux genres se marient dans Le Retour du loup-garou, deux genres qui sont d’ailleurs assez connexes, le roman policier et le roman gothique. Dans le premier cas, nous avons notamment une enquête amorcée par les jeunes héros afin de découvrir l’identité du voisin d’Adélard, une poursuite finale pour sauver la vie d’une des fillettes et, enfin, un retournement de type feuilletonesque qui se produit lorsqu’on apprend que le monstre n’est pas celui que l’on croit et que le coupable est celui que l’on ne soupçonne pas du tout, surtout si on considère le fait qu’il n’est, jusqu’à la conclusion du roman, qu’un personnage très secondaire. En outre, le manuscrit d’Adélard Bouchette n’est pas fiable, non qu’il mente concernant les faits eux-mêmes mais plutôt parce qu’il ne dit pas toute la vérité en ne précisant pas, par exemple, pourquoi Gary Lupien l’a attaqué. Susanne Julien sème dans son intrigue plusieurs détails qui ne prennent tout leur sens qu’à la fin.
Dans le second cas, pour qui a lu un peu sur le sujet, la présence de traits propres à la littérature gothique est indéniable : un château – même s’il ne s’agit que d’une cabane ainsi nommée –, une hérédité monstrueuse – deux, en fait –, un secret familial et, par conséquent, l’influence de terribles événements du passé sur le présent et, pour terminer, un monstre humain libidineux comme dans Le Château d’Otrante de Walpole. Je pense aussi à cette scène plutôt bizarre et très réussie, à mon avis, dans laquelle les deux fillettes découvrent un jardin mystérieux au milieu de la forêt et le portrait d’un homme encastré dans la pierre.
Ce n’est quand même pas mal pour une intrigue aussi courte. C’est pourquoi je salue l’intelligence de ce roman même si on peut aussi y relever quelques carences assez évidentes. Ainsi, le personnage de Monsieur Freddy (clin d’œil à Freddy Kruger peut-être ?) pourrait être plus approfondi. De plus, l’auteure a l’air de penser que la pédophilie est héréditaire comme la lycanthropie. Enfin, lorsque tous les personnages se retrouvent dans une grange appartenant à Georgette Gendron afin de s’assurer de la présence de celle-ci pour la grande finale, cela fait, comme on dit en bon québécois, « arrangé avec le gars des vues ». Il y a également un certain manque d’imagination à faire tomber les deux fillettes dans une rivière tumultueuse. Susanne Julien aurait pu trouver autre chose ou même carrément éliminer cet épisode. Disons-le, Le Retour du loup-garou n’est pas entièrement dénué de clichés.
Dans la mesure où il est difficile de toute manière de trouver quelque chose de neuf à raconter sur les lycanthropes, ce roman fait partie des bonnes histoires de loups-garous que j’ai lues ou vues. Cela vaut bien The Undying Monster de Kerruish ou encore The Wolf Man, film d’horreur classique de la MGM. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 103-105.
Références
- Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 23.
- Dell'Olio, Vesna, Lurelu, vol. 16, n˚ 3, p. 16.
- Ratelle, Robert, Des livres et des jeunes 47, p. 43.