À propos de cette édition

Éditeur
Héritage
Titre et numéro de la collection
Pour lire
Genre
Fantasy
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
125
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1992
ISBN
9782762570182

Résumé/Sommaire

Luc et son ami Chen sont des passionnés de jeux vidéo. Après que son anniversaire soit passé sans lui apporter le Robotruc 5 convoité, Luc se rend à la boutique « Le joueur électronique », dont le propriétaire est un as de l’informatique, Antoine Millbits. Surveillé par des hommes aux chapeaux à large bord, Antoine confie à Luc une cassette qui lui appartient, à garder sans y toucher. Après avoir appris la mystérieuse disparition d’Antoine, Luc ne peut résister à l’attrait du jeu inconnu que lui a confié Millbits.

Dans la peau d’un chevalier, Luc doit lutter contre un dragon. Chaque fois qu’il échoue, le garçon ressent un curieux picotement au bas-ventre. Il découvre bientôt que des écailles lui ont poussé sur le ventre. Luc ne peut s’empêcher de continuer à jouer : il sait qu’il doit vaincre le dragon pour retrouver son état normal. Au fil des parties, Luc est de plus en plus couvert d’écailles et doit ruser pour dissimuler son état à ses proches.

Un jour, son écran lui montre non pas le jeu du chevalier et du dragon, mais une pièce où Antoine est retenu prisonnier. Le savant est parvenu à communiquer avec le garçon par l’entremise du jeu vidéo. En utilisant les manettes de son jeu pour permettre à Antoine de réaliser des exploits dans sa lutte contre ses geôliers, Luc permet à Millbits de s’échapper. Antoine explique au garçon qu’en jouant seul à « projet dragon », il a causé un déséquilibre. Ses écailles constituent la revanche du dragon. Pour s’en débarrasser, Antoine et Luc jouent au jeu. Cette fois, c’est son ami Antoine que Luc doit vaincre car le savant joue le rôle du dragon. En gagnant, Luc délivre Jean, le frère d’Antoine, qui était prisonnier du jeu dans le rôle du chevalier.

Commentaires

Le résumé ci-dessus donne déjà une idée de la difficulté particulière que pose La Revanche du dragon au lecteur adulte. D’une part, il s’agit d’un excellent roman, aux péripéties enlevantes, avec des scènes d’action qui feront trépigner d’enthousiasme les jeunes amateurs de jeux vidéo, surtout lorsque Luc fait évader Antoine du repaire des « méchants ». Quel jeune n’a pas rêvé vivre une pareille situation ?

D’autre part, l’amateur de science-fiction grincera des dents durant toute la lecture parce que c’est la cartouche de jeux vidéo et non l’appareil qui est créateur de réalité virtuelle, par exemple. La fin du chapitre 6, à cet égard, est à hurler : Antoine a beau être un « savant fou », j’aimerais bien qu’on m’explique comment on peut remplacer à distance un jeu vidéo par un autre. Le « projet dragon » est, au dire du personnage d’Antoine, un jeu « vraiment interactif » qui a « prise sur la réalité » (p. 88), mais l’auteure ne se soucie pas d’expliquer ce phénomène à ses lecteurs.

La Revanche du dragon vient donc hélas rejoindre la flopée de romans jeunesse proposés par des auteurs qui ne se soucient guère de la vraisemblance et qui n’ont manifestement jamais effectué de recherches pour établir les bases de l’intrigue. Pourtant, Danielle Simard n’est pas une auteure qui prend ses lecteurs pour des imbéciles, au contraire. Et son roman est très riche par certains aspects, ce qui rend ces invraisemblances d’autant plus choquantes. Il y a de beaux moments d’un lyrisme tout simple (le début du chapitre 2, avec ses nuages égarés). L’auteure possède une connaissance réelle des jeunes (la quatrième de couverture nous parle de son fils Pierre-Émile, amateur de jeux vidéo). Ainsi, les préoccupations de Luc, lorsqu’il se voit peu à peu recouvert d’écailles, demeurent très quotidiennes et donnent une touche réaliste au roman : comment le garçon dissimulera-t-il ses écailles lorsqu’il devra changer de t-shirt au cours d’éducation physique ? On voit que l’auteure a réfléchi à la situation. Luc va même jusqu’à se demander s’il ne fera pas appel à la chirurgie esthétique ! Cela rend le personnage d’autant plus vrai et touchant.

Autre élément très intéressant : dans le chapitre 8, l’auteure a donné au narrateur le rôle du dragon, ce qui oblige le lecteur à adopter le point de vue du « méchant ». Danielle Simard fait également ressurgir le personnage du savant fou des romans d’autrefois, mais c’est pour en faire un surnom affectueux accolé au personnage d’Antoine, de son frère et de leur père.

En bref, La Revanche du dragon est un roman sur le thème de l’équilibre : Antoine ne pouvait créer un jeu sans y inclure un « méchant », obligeant le joueur de « projet dragon » (et le lecteur) à adopter ce point de vue différent, sous peine de séquelles (les écailles). De même, la construction du roman démontre un bel équilibre entre les péripéties (haletantes) et les moments où Luc est plongé dans le désespoir que lui cause sa transformation physique. Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’un roman miroir (les prémisses en sont tout à fait farfelues), le jeune lecteur s’y reconnaîtra sans peine (surtout quand les enfants se prélassent pendant que les parents s’affairent au ménage !). Quel dommage que l’aspect SF ait été autant négligé… On aurait alors eu droit à un véritable petit chef-d'œuvre. [FP]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 178-179.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 23.
  • Higdon, Pascale, imagine… 64, p. 105-106.
  • Lortie, Alain, Solaris 103, p. 53.