À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
L’auteur rapporte l’anecdote que le père d’un de ses confrères de collège lui a livrée dans sa jeunesse. C’était en 1823. Ce dernier avait l’habitude de fréquenter le presbytère du curé de Gentilly. Un soir d’été, il avait entendu le bruit d’une voiture qui avait paru s’arrêter devant le perron, puis des pas gravissant l’escalier après que la porte se fut ouverte d’elle-même. Par la suite, un bruit terrible avait éclaté dans une chambre à l’étage supérieur. À l’inspection, l’ecclésiastique n’avait rien trouvé. Le même manège s’était répété durant plus d’une semaine. Après avoir consulté son évêque, le curé de Gentilly avait affronté le revenant. Au terme d’un tapage infernal, il était réapparu livide sans rien révéler de ce qui s’était passé dans la chambre.
Autres parutions
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Commentaires
« Le Revenant de Gentilly » établit un intéressant climat de mystère que la fin ne dissipe pas. Quel est ce revenant qui n’arrive pas à trouver le repos éternel ? Un prêtre coupable d’une faute grave inavouable ? Un petit détail pourrait le laisser croire. « Nous entendîmes des pas et comme des frôlements de soutane (c’est moi qui souligne) se diriger vers l’escalier qui conduit au premier. »
Fréchette laisse travailler l’imagination du lecteur en se montrant très économe dans ses effets. L’affrontement entre le curé et le revenant n’est pas raconté, le narrateur n’étant qu’un témoin indirect. Le fantastique fait bien sûr appel à la manifestation du surnaturel mais le conte utilise surtout les ingrédients du récit d’épouvante.
« Le Revenant de Gentilly » permet de mesurer l’habileté de l’écrivain qui brode un conte assez saisissant sur une trame finalement très mince. Encore une fois, Louis Fréchette démontre qu’il est un conteur jamais à court de ressources et qu’il sait tirer parti des moindres anecdotes léguées par la culture populaire pour les transformer en matériau littéraire.
Si le sujet de ce conte a perdu aujourd’hui de l’intérêt, l’écriture conserve toujours ses qualités : une simplicité naturelle, des paragraphes d’une ligne qui donnent un rythme soutenu, nerveux et vigoureux au récit. S’il y a un nom auquel on pense spontanément, c’est à celui d’Yves Thériault qui adoptera cette technique d’écriture dans son œuvre romanesque. [CJ]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 90.