Rêves sur un songe

Un songe venu d’ailleurs envahit le sommeil de la narratrice. Disloqué par son entrée dans ce corps étranger, il s’éparpille en lambeaux. La narratrice, incapable de les rejeter hors d’elle, tente de rassembler ces parcelles de rêve…

• Rêves sur un songe (1998) - Nouvelle

Les dernières nouvelles d’Annick Perrot-Bishop tournent toutes autour du thème de l’intrusion. Ici, dans « Rêves sur un songe », le songe d’un rêveur s’infiltre dans un autre corps. Mais le traitement de Perrot-Bishop n’en est pas un de refus. Au contraire, ces intrusions, qui surprennent au début les narrateurs, sont par la suite encouragées, soutenues même par ceux qui se font envahir. Il ne faut donc pas confondre le thème de l’intrusion et celui du viol qui, pour être proches, n’en comportent pas moins des différences majeures, ne serait-ce qu’au chapitre de la “réception”.

Comme à son habitude, l’auteure déploie une écriture simple, parsemée ici et là d’images poétiques. L’association insolite de deux mots servant à créer une nouvelle image est utilisée, trait caractéristique du travail d’écriture de Perrot-Bishop.

Quant au texte, il s’apparente à l’onirisme, bien sûr, par son sujet bien qu’il soit nettement fantastique puisque nous avons affaire à un songe vagabond, désincarné. Les images déployées sont fortes, à la manière des impressionnistes, et la triple reconstruction d’une même scène donne au lecteur un étrange sentiment de déjà-vu, qui n’est pas sans charmer.

Un bon texte de Perrot-Bishop, à lire en marge de son recueil paru aux éditions Logiques. [JPw]

• Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 151-152.