À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En 2053, le soleil, devenu féroce, est emprisonné derrière l’ÉPI, un écran gazeux créé par les humains pour se protéger de ses rayons. Aux petites heures d’une nuit tranquille, un trou d’un demi-kilomètre apparaît au-dessus d’une zone inhabitée dans le périmètre de l’ÉPI surveillé par Lenny, contrôleur chez CRISIS. Après vérification, il appert que les épioscopes, gardiens aéronautiques de l’écran protecteur, ont été sabotés. On parvient à les réparer et à raccommoder le trou dans la journée, mais un collègue de Lenny qui campait en forêt la nuit où le trou est apparu a été exposé plus d’une heure aux rayons mortels. Or, il s’en tire avec un simple coup de soleil. Dès lors, plusieurs questions se posent à l’équipe de CRISIS : qui a saboté les épioscopes et dans quel but ? Pourquoi Biz, le collègue de Lenny, n’a-t-il qu’un coup de soleil ? L’ÉPI serait-il le résultat d’un complot à l’échelle planétaire comme le prétendait, de son vivant, le père de Biz et comme le pensent les Guerriers d’Apollon, l’organisation dont il est le fondateur ? Ulrich Bach, ingénieur chez CRISIS, est accusé du sabotage par les autorités de l’entreprise, preuve vidéo à l’appui, mais l’enquête que Lenny et ses collègues mènent de leur propre côté semble les conduire sur une autre piste, celle des Guerriers d’Apollon. Ce groupe, pourtant pacifiste, serait-il à l’origine du trou dans l’ÉPI ?
Commentaires
Malgré une idée de départ prometteuse, Risque de soleil de Louise Lévesque s’avère décevant et ce, pour plusieurs raisons. Dès les premières pages du livre, on est frappé par la lourdeur pédagogique de l’écriture : tous les éléments saillants sont dûment expliqués au lecteur, comme si celui-ci n’était pas à même d’avancer des hypothèses et de reconstruire progressivement le cadre imaginaire. Comme l’histoire se déroule dans le futur, les premières lignes du récit l’indiquent, en donnant la date (18 juillet 2053) ; comme l’ÉPI et les épioscopes ne font pas partie de l’encyclopédie du lecteur, le narrateur (ou la narratrice) les définit. Tout ce qui s’écarte du monde de référence du lecteur est rigoureusement expliqué, de l’utilité des moniteurs en photosynthèse au travail des ingénieurs en épioscopie. Une telle insistance a pour conséquence de nuire à l’effet de réel, d’anéantir l’illusion référentielle. En effet, si l’histoire se déroule vraiment en 2053, pourquoi définir des éléments qui sont, de toute façon, familiers aux gens de cette époque ? Une telle stratégie est loin d’être efficace sur le plan de la vraisemblance, même si le roman s’adresse à un jeune public. N’écrit pas de la science-fiction qui veut…
Outre les défauts sur le plan science-fictionnel, l’intrigue du roman présente également d’importantes faiblesses. Au début du récit, le lecteur veut savoir qui est l’auteur du sabotage des épioscopes, il veut connaître les éléments qui permettront de dénouer l’intrigue, mais au fur et à mesure de son avancée dans l’histoire, les trop nombreuses incohérences du texte le font décrocher. Vers la fin du roman, pour ne donner qu’un exemple, Biz arrive affolé dans le bureau de Grondin, chef de CRISIS, où sont réunis ses collègues, et dit qu’il a vu le lance-missile susceptible de détruire l’ÉPI dans le repaire des Guerriers d’Apollon. Or, il avait téléphoné à Anicka (une des collègues qui sont réunis chez Grondin) juste après être sorti du repaire des Guerriers et n’avait jamais fait mention de cette arme. Il n’était même pas sûr de son existence, comme en témoignent les pensées qu’il a eues à ce moment-là : « Et si Lenny avait raison à propos de l’arme ? Si elle se trouvait chez les Guerriers ? » (p. 111).
Fait à noter, les incohérences du texte, dont nous ne venons que de fournir un exemple, semblent toutes être causées par la volonté de l’auteure de multiplier les mystères et les péripéties. Malheureusement, la technique est mal maîtrisée et cela aboutit à des illogismes et à un essoufflement du rythme de l’œuvre. Et que dire de la conclusion, où l’on apprend que c’est l’armée qui est responsable du sabotage car, bien qu’étant convaincue du danger que représente le soleil, elle désirait savoir s’il était possible de percer la couche épioque et ce qui se produirait en ce cas… On n’y croit tout simplement pas. [SN]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 101-102.
Références
- Giroux, Pierrette, Lurelu, vol. 22, n˚ 3, p. 41.