À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Jean Poirier est gros et, comme tous les gros, doit endurer les plaisanteries et les humiliations. Il s’évade dans des voyages imaginaires aux quatre coins du monde. Un jour, au parc Lafontaine, une vieille femme lui remet un collier à six médailles en lui disant que celui-ci lui permettrait de voyager où il le désirerait. Malgré son scepticisme, Jean tente une première expérience et se retrouve près du Grand Canyon. Il recommence deux fois encore, mais n’arrive pas à se convaincre que ces déplacements sont réels bien que les médailles disparaissent une à une du collier.
Jean reçoit une lettre de son père biologique, Papa-Gilles (qu’il n’a pour ainsi dire pas connu), qui purge pour l’instant une longue sentence d’emprisonnement pour un meurtre perpétré lors d’un hold-up. Le ton de la lettre inquiète : on pourrait croire à une note de suicide. Grâce au collier, Jean se transporte à l’endroit où se trouve son Papa-Gilles. Il est cependant incapable de communiquer avec lui. Comme c’est le moment où les autorités du pénitencier ont décidé de transférer le prisonnier de Kingston à Montréal, Jean se glisse dans le fourgon avec les autres détenus. Pendant le trajet, des complices délivrent ces derniers lors d’une intervention brutale.
À son réveil, Jean constate qu’une nouvelle médaille a disparu. Plus tard, la télévision confirme l’évasion spectaculaire du criminel. Un nouveau saut dans l’espace-temps permet à Jean d’apprendre que Papa-Gilles a l’intention de se retirer en Amérique du Sud après un dernier gros coup. Quand la police vient faire enquête chez lui, Jean hésite à révéler ce qu’il sait. Doit-il dénoncer son père ou bien lui laisser une chance ?
Commentaires
Dans un récit rapide et bien troussé, l’auteur reprend un des thèmes éternels de la fantasy ou du merveilleux, ou du fantastique, comme vous préférerez (avec le passage des années, ces distinctions commencent à me laisser plutôt indifférent), celui de l’objet magique qui réalise les vœux. Dans le cas qui nous occupe, c’est de la faculté de se retrouver au lieu de son choix qu’il s’agit. Cela nous vaut une jolie mais brève visite au Grand Canyon, quelques bons points sur la criminalité et le système carcéral en général, mais rien qui me laisserait un souvenir indélébile. Mais il y a un peu plus.
Ce qui m’apparaît finalement l’élément le plus important du roman (et le plus intéressant), c’est la fin, bien sûr. Alors que le lecteur (jeune ou moins jeune) attend patiemment le dénouement de l’affaire (« Va-t-il dénoncer son père ou lui donner une chance ? »), l’auteur s’arrête au dernier moment, privant ce même lecteur d’une réponse, un peu comme dans The Lady and the Tiger de Frank R. Stockton. Mais à la différence du récit de l’écrivain américain, le choix est de nature morale. Que ferais-je, moi, lecteur, dans les mêmes circonstances ? Voilà certes une excellente manière de susciter un débat. Je serais curieux de connaître les réactions des jeunes lecteurs de cet ouvrage. Pour l’instant, les lecteurs de L’ASFFQ devront se contenter de l’opinion d’un vieux critique. [GS]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 96-97.
Références
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 23/24-10-1999, p. D 10.
- Diotte, Emmanuelle, Lurelu, vol. 22, n˚ 3, p. 41.