À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Au cours de la messe dominicale, un jeune servant d’autel exerce vengeance contre le curé, qui est son père biologique. Habité par une « chose noire » qui bouge, grandit et gronde dans son ventre, qui s’excite à mesure qu’approche le moment de passer à l’acte, le garçon alterne entre le souvenir des préparatifs de son plan, l’explication de son geste et des pensées pour sa mère. Le curé doit être envoyé en enfer pour avoir séduit une femme innocente et pour l’avoir placée en état de péché mortel. La mère, elle, doit être libérée de ses souffrances. Une fiole remplie de cyanure subtilisé à un oncle pharmacien fera l’affaire. Le curé s’écroule en pleine célébration de l’eucharistie, la mère meurt chez elle en prenant son café. Le garçon s’immole avec le cadavre du curé, la chose noire criant dans ses oreilles.
Commentaires
Le langage enfantin utilisé pour traduire le monologue intérieur du jeune garçon se révèle ici d’une efficacité assez redoutable. À mesure que la tension monte, les répétitions augmentent dans le texte (« …la nappe aussi qui commence à brûler brûle brûle… »), la ponctuation disparaît, sauf pour des points d’exclamation, et les évocations de « papa » et « maman » se multiplient. C’est le cas de le dire, la nouvelle culmine sur un rythme d’enfer.
Par ailleurs, fidèle aux canons de la tragédie, l’auteur laisse les lecteurs deviner assez rapidement quelle sera l’issue du récit. L’effet du contenu de la petite fiole, tiré d’une bouteille avec « un drapeau de pirate » sur l’étiquette, semble assez clair. Quelques gouttes dans le vin du curé, quelques gouttes dans le café de la mère… il ne reste plus qu’à attendre le résultat. La tension de cette attente ne vient pas de savoir qui mourra, mais plutôt de tenter de comprendre dans quelle mesure le servant d’autel est véritablement le catalyseur de l’histoire, le responsable du dénouement.
Sa logique enfantine est claire et, possiblement, peut expliquer les actes commis. Mais il y a cette chose noire, cet être ténébreux qui loge dans son ventre et qui lui parle. On ne saura jamais si la chose noire est le produit de cette tragédie ou si elle en est la cause ; si elle est la colère personnifiée ou si elle est un démon venu habiter le garçon. [MH]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 91.