Secret le mieux gardé (Le)

À la suite d’une série d’événements étranges, le Groupe d’Étude et de Surveillance des Objets Volants Non Identifiés (GÉSOVNI) s’installe à Saint-Clément-du-Lac. Brigitte, une passionnée de science-fiction, veut se joindre à l’équipe, d’autant plus qu’elle s’intéresse à un des membres, Daniel, mais le groupe ne recrute pas. Lorsque les habitants racontent leurs histoires aux scientifiques, ceux-ci les rejettent systématiquement en évoquant le manque de preuves ou en trouvant des explications scientifiques aux phénomènes étranges. D’ailleurs, ces scientifiques ont parfois de drôles de comportements…

D’autre part, des trafiquants de drogue choisissent un lac de la région afin de détourner une cargaison de cocaïne, cargaison qui intéresse aussi un autre groupe de malfaiteurs. Brigitte et Daniel se rencontrent au bord du lac au moment même où l’hydravion transportant la cocaïne se pose sur le plan d’eau. Ils sont ainsi pris dans l’altercation entre les policiers et les trafiquants. Ils réussissent néanmoins à s’échapper grâce à de curieux dons que possède Daniel.

Le lendemain, une soucoupe volante survole le village. Il y a plusieurs témoins, mais les scientifiques les persuadent qu’ils ont tous été victimes d’une hallucination collective. En réalité, cet OVNI venait redonner des forces aux scientifiques, qui sont en fait des extraterrestres tentant de s’adapter à la Terre. Brigitte, maintenant au courant du secret le mieux gardé, peut fréquenter Daniel avec l’approbation des autres membres du groupe.

Ce roman jeunesse de Jean-François Somain nous raconte une autre histoire d’extraterrestres. Cependant, l’auteur fait preuve d’une certaine originalité : cette fois-ci, les extraterrestres se font passer pour des scientifiques étudiant les OVNI et discréditent automatiquement toute apparition extraterrestre. En ce qui concerne les personnages du roman, cette tactique fonctionne très bien, puisque les pseudo-scientifiques étouffent chaque soupçon pouvant prouver l’existence d’êtres venus d’un autre monde. Le lecteur, cependant, devine, plus ou moins rapidement selon sa perspicacité, la réelle nature des membres du groupe de recherche. Cela n’est pas nécessairement un défaut car, contrairement à plusieurs romans pour les jeunes, l’auteur juge inutile de tout expliquer. Le lecteur a donc droit à quelques indices afin de bien saisir le fond de l’histoire. Le tout est très bien fait. Le lecteur peut ainsi établir les liens nécessaires entre des manifestations étranges inexpliquées et l’origine de ces événements insolites. D’ailleurs, les quatre extraterrestres que nous rencontrons dans le roman ne sont pas les seuls sur la Terre. Plusieurs groupes d’étude s’intéressant apparemment aux extraterrestres sont installés dans plusieurs pays afin de discréditer les histoires d’OVNI.

Le texte est bien écrit, la narration est efficace. Les péripéties s’enchaînent sans que nous ayons le temps de nous ennuyer : événements bizarres attribués aux extraterrestres, trafic de drogue, chicane entre le maire de la municipalité et Brigitte concernant l’appropriation d’un lac (celui où l’hydravion se pose), menaces de viol d’un trafiquant envers Brigitte… De plus, nous avons droit à une histoire d’amour entre deux êtres différents, mais qui se rejoignent sur plusieurs points. Bref, ce texte réunit tous les ingrédients qui font une bonne histoire pour la jeunesse. En voulant en faire trop, on risque parfois de tout rater. Ce n’est pas le cas de ce roman de Jean-François Somain, où le tout fonctionne admirablement. [LA]

• Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 176-177.

• Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 31.
• Anctil, Mélissa, imagine… 67, p. 195-196.
• Martel, Julie, Solaris 108, p. 58-59.
• Meynard, Yves, Lurelu, vol. 17, n˚ 1, p. 26.