À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 114
Pagination
5-12
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sach, un xénothéologien, est envoyé en renfort sur la colonie Malach-MV pour élucider un mystère. Il utilise un outil nommé senscube, qui favorise grandement l’absorption de connaissances par la stimulation de tous les sens. Le senscube est réservé aux sensap, un regroupement semi-clandestin d’individus ayant la force mentale suffisante pour ne pas développer des troubles mentaux à la suite de l’utilisation de l’appareil. Sur Malach-MV, Sach retrouve Pierre, un ancien collègue d’école, qui lui expose la situation : des organismes d’apparence primitive, semblables à des mollusques, ont été découverts dans un cratère, et il semble impossible de les cataloguer. Pas d’orifice buccal, pas de sens apparent de la vue ou de l’ouïe, pas même de mécanismes qui les rendraient aptes à se déplacer. Ce qu’ils font, pourtant, tout en interagissant de façon complexe avec leur environnement.

Pierre, après avoir fait appel à une panoplie de spécialistes, décide d’en appeler à un xénothéologien, en dernier recours. Après observation, Sach déduit que les êtres sont en parfaite communion avec leur environnement et pourraient appartenir à une race extrêmement évoluée et particulièrement empathique. Lorsqu’il échappe son senscube (syntonisé sur un logiciel portant sur l’Apocalypse) dans leur repaire, les créatures absorbent l’imagerie de fin du monde et la reproduisent à leur échelle, ce qui mène à la destruction totale de leur environnement.

Commentaires

« Senstrappe » est une nouvelle de science-fiction bien écrite et bien ficelée, dans l’ensemble. Les deux personnages principaux sont suffisamment construits pour qu’ils semblent vivants et distincts. Le concept des êtres empathiques est intéressant, quoiqu’un peu sous-développé. Même si une explication est donnée, il manque un peu de chair autour de cet os. L’autre concept SF principal de la nouvelle, le senscube, tient davantage du gadget ; l’auteur étale plusieurs possibilités de l’utilisation d’un tel instrument et clôt sa nouvelle sur un effet pervers imprévisible de l’invention. C’est très classique, voire cliché, mais c’est bien fait.

Certains détails de la nouvelle ne collent pas vraiment, cependant. Pourquoi faire de Sach un xénothéologien ? Rétrospectivement, il s’agit clairement d’une excuse pour que le personnage s’intéresse à l’imagerie de l’Apocalypse, destinée à être malencontreusement dévoilée aux mollusques empathiques. Mais cela a comme conséquence de rendre la présence de Sach sur Malach-MV plutôt incongrue : la narration tente de justifier ce choix en précisant qu’il est une solution de dernier recours, mais quand même, pourquoi un xénothéologien si c’est la biologie des êtres qui déroute les scientifiques ? Il aurait été préférable, à mon sens, de faire de Sach un spécialiste plus approprié à cette mission ; comme les sensap sont décrits comme des individus assoiffés de connaissance, il aurait été tout de même crédible qu’il se soit intéressé par lui-même à l’Apocalypse, sans en faire sa vocation. Comme je le mentionnais, c’est un détail, mais ce détail a des répercussions dans toute la structure et la cohérence de la nouvelle. Outre pour ce point que je considère comme une maladresse, « Senstrappe » est un texte honnête et bien construit. [GV]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 68-69.