À propos de cette édition

Éditeur
Paulines
Titre et numéro de la série
Arialde - 3
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 80
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
154
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Jeune ornithologue surdouée, originaire d’Arkadie, Arialde Henke découvre au cours d’un congrès une femme portant des plumes d’oriflore, oiseau protégé sur sa planète. Avec son jeune frère Fédric, Arialde essaie de démasquer les pillards. Le problème se révèlera autrement plus ardu que prévu. Qui sont les vrais coupables ? Ou plutôt, qui détermine les coupables ?

Arialde paiera cher son désir de comprendre et de lutter pour la protection de la vie sur sa planète. Elle se fera d’abord enlever avec Fédric, mais parviendra avec lui à se libérer et à rentrer à Arkadie. Elle y poursuivra son enquête avec l’aide de quelques amis et le soutien de l’oncle Wassi et de sa famille génétique (fruit, comme elle, d’une expérience de laboratoire). Elle découvrira que les braconniers sont des ouvriers de la Howell, la société qui fait vivre toute la planète, et que la directrice de la Sécurité, responsable de la surveillance des écrans, était complice de l’enlèvement !

Arialde n’est pourtant pas au bout de ses peines : soutenue par les uns, accusée par les autres de bousculer l’ordre établi en demandant le procès des fraudeurs, elle sera finalement expulsée d’Arkadie. Seul espoir pour elle : revoir Jerry, le mystérieux conducteur de convois interplanétaires.

Commentaires

Ce polar SF (pour reprendre l’expression de Denis Côté qualifiant Le Crime de l’Enchanteresse) pour adolescents est tout à fait palpitant (pardon pour ce vieux mot que j’aime !). Le style, sans être très original, est précis et efficace. Un rebondissement n’attend pas l’autre et l’imprévu est au rendez-vous presque à chaque page. Mais vers quoi ? Comme dans La Forêt de métal, la fin me semble un peu décevante : on n’y trouve pas de véritable dénouement. Malgré les efforts de l’héroïne et de ses amis, rien ne change en fin de compte : selon le pouvoir établi, l’enquête d’Arialde est illégale et ne permet pas de poursuivre les braconniers. On ne sait pas comment se continuera la lutte en faveur des précieux oriflores.

L’auteure nous montre son héroïne en situation d’échec face à un « système » oppressant qui ne « doit » pas bouger : les coupables doivent être acquittés, l’héroïne est forcée de quitter la scène pour que tout reste dans l’ordre ; même les amis ont les mains liées et sont représentés comme impuissants à modifier la situation. J’avoue que la résignation, même rageuse, d’Arialde et de ses proches m’agace. On aimerait que l’héroïne et ses amis prennent leur destinée en main, qu’ils fassent de véritables choix – lutte, compromis, acceptation, peut-être – face à une situation trop lourdement présentée comme inexorable dans le roman. Suis-je une lectrice trop exigeante, directive et partiale ?

Toute médaille a son revers, pourrait-on dire. Francine Pelletier décrit à la perfection la logique implacable d’un système social dont le pouvoir répressif, peu apparent, se justifie toujours. Elle possède l’art de se dédoubler véritablement pour montrer comme valable la lutte écologique de son héroïne et présenter en même temps les arguments apparemment irréfutables des institutions en place : la police n’a pas le temps de s’occuper d’oiseaux, la compagnie est obligée de prendre les mesures nécessaires pour faire cesser la grève de soutien aux braconniers, les chercheurs ne peuvent aider Arialde car cette même compagnie subventionne leurs travaux…

Cette complexité de situation, la richesse du contre-discours (pour employer un terme sérieux) rendent ce texte particulièrement intéressant car elles invitent à la réflexion, au questionnement sur la société, ses valeurs, ses options. Dans un texte pour jeunes, surtout, on voudrait cependant que ce questionnement, cette réflexion soient d’abord le fait des personnages eux-mêmes. Avec les qualités de leur créatrice, je pense qu’ils mèneraient à bien cette démarche.

Malgré la passivité latente que je diagnostique chez eux, les personnages du Septième écran sont extrêmement attachants : Arialde et sa famille expérimentale sont chaleureuses et vivantes, parfois touchantes à travers leur solidarité et leurs disputes. Les autres suscitent également notre intérêt par leur ambiguïté, ce qui leur confère une certaine complexité : déroutant à souhait avec ses différentes interprétations de ce qu’il fait, le personnage de Jerry est particulièrement intéressant à ce chapitre.

Avec un tel bagage – texte enlevé, personnages captivants, situations riches –, on souhaite que Francine Pelletier aille encore plus loin. Espérons qu’elle nous offrira sous peu de nouveaux mondes où – qui sait ? – de nouveaux rapports pourront s’établir entre les Arialde et les Corsan, entre les Walcott et les Wassi, ou encore entre de tout nouveaux personnages. La SF est là pour ça ! [HC]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 154-155.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 31-32.
  • Guay, Gisèle, Lurelu, vol. 15, n˚ 2, p. 19-20.
  • Lavigueur, Yolande, Le Devoir, 01-08-1992, p. B7.
  • Martin, Christian, Temps Tôt 19, p. 45-46.
  • Martel, Julie, Solaris 100, p. 58-59.
  • Simard, Stéphanie, imagine… 62, p. 136-137.