À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une douleur aiguë à l’abdomen contraint M. Verdon à se rendre à l’urgence. Or, depuis que les centres de santé ont été complètement privatisés, ce sont les lois du marché qui les gouvernent. Ainsi M. Verdon apprend-il à ses dépens la triste réalité de ce système de santé détraqué : ce qui s’annonçait comme une banale appendicectomie dégénère rapidement, et la facture du patient augmente de plus en plus, jusqu’à ce qu’il n’ait d’autres choix que de vendre son corps, d’abord en partie puis en totalité, pour éponger ses dettes.
Commentaires
« Service non compris » joue dans le registre de la dystopie parodique pour représenter les risques du glissement de notre système de santé vers la privatisation. Si l’intention de faire passer un message social transcende de beaucoup l’intérêt du récit, il n’en reste pas moins que c’est stylistiquement très bien rendu. Certains jeux de mots sont savoureux, et la nouvelle recèle quelques trouvailles qui méritent mention, telle que la liste des organes, avec leur prix correspondant fluctuant selon les humeurs du marché !
Mais la nouvelle souffre aussi de quelques faiblesses sur le plan de la cohérence narrative. Comment expliquer que M. Verdon, qui devrait pourtant au moins connaître les grandes lignes du fonctionnement du système de santé, doive se faire tout expliquer, systématiquement ? On devine aisément que cette ignorance est au bénéfice du lecteur, mais cela a aussi comme effet de donner un ton artificiel à la nouvelle. La narration tente bien de donner un peu de vie au personnage de Verdon, en dévoilant ses pensées et quelques-uns de ses souvenirs, mais ça ne permet pas tout à fait de faire oublier la construction narrative naïve qui sous-tend le récit. [GV]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 39.