À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur se rend un soir à un club de conteurs. Un certain Roman Katelbach raconte qu’il était ambulancier dans son pays natal. Un soir de Noël, il embarque le cadavre affreusement mutilé d’un homme qui vient de périr dans un accident de la route. Katelbach ne peut alors s’empêcher de faire un parallèle avec l’accident de train qui a plongé sa femme dans le coma et il se dit que la vie est injuste. Dans un accès de colère, il actionne la sirène et le gyrophare.
Il y a en Pologne une croyance populaire qui veut que c’est la sirène d’une ambulance qui maintient un mourant en vie jusqu’à l’hôpital. À son arrivée, l’ambulancier apprend que sa femme est sortie du coma et que le corps de l’accidenté a disparu. On retrouve seulement un sac plein de sang séché dans un placard.
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Commentaires
Cette nouvelle, courte et anecdotique, n’est pas à ranger parmi la meilleure production de Hughes Morin. Le style étant dépouillé et précis, le texte ne suscite pas la moindre émotion chez le lecteur. L’intrigue manque de relief. Il n’y a rien dans cette histoire de fantôme ou de mort-vivant (selon l’interprétation qu’on veut bien lui donner) qui soit particulièrement effrayant ou excitant. Bref, il n’y a pas vraiment de ressort dramatique, contrairement à ces nouvelles où un personnage doit, afin de sauver la vie d’un parent ou d’un proche, faire un sacrifice ou un choix horrible. De plus, le suspense est nul, on devine longtemps à l’avance ce qui va se produire.
On se demande même à quoi sert ce conte exactement. Son existence peut à la rigueur se justifier s’il s’agit d’une histoire « vraie » que quelqu’un a raconté à Morin et qu’il a transcrite sous forme de fiction. Auquel cas, il s’agit d’un de ces témoignages tels qu’on en trouve dans ces recueils d’aventures insolites que certaines personnes prétendent avoir vécues. Si c’est le cas, il aurait été bon de le mentionner. Les intentions de l’auteur ne semblent pas précises quant à la signification de son texte. Qu’est-ce que le lecteur doit déduire de la relation entre ce cadavre qui revient à la vie et la femme de Katelbach qui émerge de son coma ? En quoi les deux événements sont-ils liés ? Le trépassé est-il un saint, un sorcier ou encore un dieu ?
Quiconque a déjà lu Morin sait qu’il peut être un excellent conteur. Je suis convaincu qu’il a sa place au panthéon des bons auteurs fantastiques québécois. Mais « La Sirène de la vie » appartient à sa veine naïve et fait plutôt penser à un exercice littéraire qui doit être exécuté avant de passer à des textes plus ambitieux. Cependant, si on considère que le narrateur fréquente un club de conteurs, il est permis de se demander si la véritable fonction de ce texte mineur n’était pas de servir d’introduction à une plus vaste entreprise à la manière des Contes de Canterbury ou des aventures de Carnacki de William Hope Hogdson. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 145-146.